«Dérive très grave» : Paris fustige le projet danois de délocaliser ses centres de demandes d'asile
- Avec AFP
Le Danemark a adopté le 3 juin une loi visant à délocaliser hors d'Europe ses centres de demandeurs d'asile. «Ce ne sont pas les valeurs européennes», s'est insurgé Paris, qui qualifie cette nouvelle mesure de «chimère» et d'«illusion».
La décision du Danemark de délocaliser hors d'Europe ses centres de demandeurs d'asile est une «chimère», une «dérive très grave» et une «erreur politique», a jugé le 10 juin le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes. «C'est une chimère [...] une fausse piste, une illusion. Ne faisons pas croire aux Européens [...] que c'est en Afrique qu'on va faire traiter la demande d'asile», a martelé Clément Beaune sur la chaîne Public Sénat.
Paris dénonce une «erreur politique»
«C'est une erreur politique», a-t-il ajouté, déplorant que cette décision ait en outre été prise par le gouvernement social-démocrate du Premier ministre Mette Frederiksen.
«On reçoit des leçons souvent d'humanité de beaucoup de partis sociaux-démocrates européens. Franchement là, on a une dérive qui est très grave», a-t-il ajouté.
Le Danemark a adopté le 3 juin une loi prévoyant que tout demandeur d'asile dans ce pays, une fois sa demande enregistrée et à quelques rares exceptions près, comme une maladie grave, soit envoyé dans un centre d'accueil hors de l'Union européenne.
Le migrant restera ensuite dans ce pays hôte s'il obtient in fine le statut de réfugié. Et s'il ne l'obtient pas, il sera prié de partir du pays hôte.
Le gouvernement danois assure discuter avec cinq à dix pays, non identifiés. Les noms de l'Egypte, de l'Erythrée, de l'Ethiopie circulent dans la presse danoise. Mais c'est surtout avec le Rwanda que les discussions semblent les plus avancées.
«Est-ce que c'est acceptable sur le plan humain et même sur le plan de l'efficacité de créer des camps de migrants, qui ont le droit à l'asile potentiellement, dans des pays qui sont en Afrique, qui sont déjà en difficulté ? Honnêtement je crois que ce ne sont pas les valeurs européennes», a insisté Clément Beaune.
Des «réfugiés qui fuient la guerre, les persécutions politiques» vont s'entendre dire «on va faire traiter votre demande d'asile, votre "accueil" par un pays qui est à plus de 10 000 kilomètres, avec lequel vous n'avez aucun lien», s'est-il encore ému.