France

Vaccins anti-Covid: Macron évoque «une guerre mondiale d'un nouveau genre», et tacle Moscou et Pékin

Malgré les critiques, le président français a défendu la stratégie européenne contre le Covid-19, voyant dans l'accès aux vaccins une «guerre mondiale d'un nouveau genre». Un conflit dans le cadre duquel Emmanuel Macron a choisi ses alliés.

Dans un contexte particulièrement critique, Emmanuel Macron a pris la parole ce 25 mars en marge d'un Conseil européen virtuel des 27 pays membres de l'UE à Bruxelles, pour se faire l'avocat de la campagne de vaccination en Europe.

Reconnaissant, un «retard», le président français a néanmoins assuré que l'Europe était en train de le «combler» grâce, notamment, à une accélération de la production des vaccins : «L'Union européenne a mis sur pied une politique industrielle d'ampleur pour atteindre une capacité qui est de l'ordre de deux à trois milliards de doses par an d'ici le deuxième semestre de cette année.»

Poursuivant, il a défendu la stratégie européenne d'exportation, affirmant que Bruxelles avait une spécificité particulière : «L'Europe est [...] le seul continent du monde libre qui a une vraie stratégie vaccinale et une vraie diplomatie. Pas pour aller faire du chantage à tel ou tel pays mais pour dire que c'est un engagement international qui est le nôtre. Il faut être très clair, nous sommes face à une guerre mondiale d'un nouveau genre.»

Etats-Unis, Russie, Chine... Quelles alliances et quels ennemis ?

Au cours de son discours, le chef de l'Etat n'a pas manqué de laisser des indices quant aux pays qui se trouveraient, comme c'est de rigueur dans le cadre d'une «guerre», dans le camp allié et dans le camp ennemi.

Emmanuel Macron a tout d'abord insisté sur les «importantes convergences» existant avec les Etats-Unis, tant dans le domaine de la pandémie que dans celui des «grands défis internationaux». Soulignant la nécessité selon lui d'un «dialogue renouvelé» entre Bruxelles et Washington, il a salué l'intervention du président Joe Biden, qui s'est exprimé en qualité d'invité vedette lors du Conseil européen.

Il a salué la politique d'investissement de Washington dans les vaccins : «Les Etats-Unis d'Amérique ont été plus innovants, plus ambitieux, ils ont su rêver davantage que nous [...] Et ils ont eu raison. Cela doit être une leçon.» Appelant à s'inspirer de la stratégie américaine, il a noté : «Il nous faudra retrouver le goût du risque.»

Défendant les mesures prises par la France contre l'épidémie, il a notamment qualifié l'Allemagne d'«amie» et de «frère ou sœur» en Europe».

Répondant aux questions des journalistes, le président a par ailleurs affirmé : «Face [...] aux attaques et aux velléités de déstabilisation – russes, chinoises – d'influence par le vaccin [...] face à cela, si nous voulons tenir, nous devons être souverains [...] Nous nous sommes mis aujourd'hui en capacité de produire pour ce faire.»

La déclaration a fait réagir les développeurs de Spoutnik V, qui ont notamment affirmé que «rendre les vaccins apolitiques» était le «meilleur espoir de paix mondiale et non de guerre». De son côté, lors d'une conférence de presse, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Hua Chunying, citée par Ria Novosti, a commenté : «La Chine est prête à œuvrer avec d’autres pays, notamment la France, pour renforcer la coopération internationale en matière de vaccins.»

«L'Europe sera le continent qui produira d'ici à la fin de l'été, le plus de doses dans le monde, sera en situation de se couvrir lui-même, mais aussi [...] d'être celui qui exporte le plus à l'égard de ses partenaires de l'OTAN, du monde libre, et de toutes celles et ceux qui en ont besoin», a encore affirmé Emmanuel Macron lors de son intervention. Sans évoquer la politique vaccinale de la Russie, dont le Spoutnik V est enregistré dans une cinquantaine de pays, ou celle de la Chine, qui a exporté ses vaccins à une vingtaine de pays, notamment sur le continent africain, Emmanuel Macron a notamment assuré : «L'Europe est le seul continent qui en plus exporte.»

La déclaration du chef de l'Etat intervient alors que les suspicions grandissent autour des exportations du vaccin AstraZeneca, qui a par ailleurs été suspendu par plusieurs pays par mesure de précaution. Le laboratoire suédo-britannique doit «rattraper» ses importants retards de livraison de son vaccin anti-Covid aux 27 avant d'exporter hors de l'UE des doses qui y sont produites, a ainsi averti, pour sa part, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à l'issue du sommet.

Le mécanisme de contrôle des exportations de vaccins, durci le 24 mars par Bruxelles, vise notamment à ce que «les entreprises honorent leurs contrats avec l'UE avant d'exporter ailleurs dans le monde», a souligné Ursula von der Leyen. Selon elle, AstraZeneca, qui n'a livré aux Européens que 30 des 120 millions de doses promises au premier trimestre «doit rattraper son retard avant de pouvoir exporter à nouveau».