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Les développeurs du vaccin Spoutnik V répondent aux attaques d'Emmanuel Macron

Alors qu'Emmanuel Macron a accusé la Russie et la Chine d'avoir des «velléités de déstabilisation d'influence par le vaccin», les développeurs de Spoutnik V lui ont répondu, l'invitant à laisser la question des vaccins hors de la sphère politique.

Alors qu'il défendait la gestion de la crise sanitaire par son gouvernement et louait la stratégie européenne contre le Covid-19, Emmanuel Macron a, en clôture du Conseil européen du 25 mars, accusé la Russie et la Chine d'utiliser la production de vaccins à des fins politiques.

Voyant dans l'accès aux vaccins une «guerre mondiale d'un nouveau genre», il a ainsi déclaré : «Face [...] aux attaques et aux velléités de déstabilisation – russes, chinoises – d'influence par le vaccin [...] face à cela, si nous voulons tenir, nous devons être souverains [...] Nous nous sommes mis aujourd'hui en capacité de produire pour ce faire.»

«Ensemble nous sommes plus forts !», répondent les développeurs du Spoutnik V

En réponse, les concepteurs du vaccin russe Spoutnik V ont publié un tweet ce 26 mars, en faveur d'un apaisement tout en soulignant l'importance de la coopération : «Emmanuel Macron, rendre les vaccins apolitiques est notre meilleur espoir de paix mondiale et non de guerre. Nous vous sommes reconnaissants d'avoir envoyé une équipe scientifique française sous la direction de [Marie-Paule] Kieny et notre partenariat avec la France nous a beaucoup aidés et contribué à notre combat commun contre le Covid !»

Le président français a en outre affirmé : «L'Europe est [...] le seul continent du monde libre qui a une vraie stratégie vaccinale et une vraie diplomatie. Pas pour aller faire du chantage à tel ou tel pays mais pour dire que c'est un engagement international qui est le nôtre. Il faut être très clair, nous sommes face à une guerre mondiale d'un nouveau genre.»

A ce sujet les concepteurs du vaccin russe ont tenu à rappeler que la Russie avait proposé à la France de rejoindre 10 autres pays ayant «accepté de produire» Spoutnik V. «La production de différents vaccins est une véritable voie vers l'indépendance vaccinale. Ensemble, nous sommes plus forts !», poursuit le message.

Un peu plus tard, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a assuré que Moscou et Pékin n'utilisaient pas leurs vaccins comme des «outils d'influence». «[Les déclarations d'Emmanuel Macron] relèvent probablement de nos profondes divergences», a-t-il précisé, rejetant les accusations de «guerre» et tout «volonté de politiser le sujet des vaccins».

Sans évoquer la politique vaccinale de la Russie, dont le Spoutnik V est enregistré dans une cinquantaine de pays, ou celle de la Chine, qui a exporté ses vaccins à une vingtaine de pays, notamment sur le continent africain, Emmanuel Macron avait notamment assuré : «L'Europe est le seul continent qui, en plus, exporte.»

Jean-Yves Le Drian accuse la Russie de «propagande»

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a reproché ce 26 mars à la Russie de faire de son vaccin anti-Covid Spoutnik V un «outil de propagande».

«A mon avis la manière dont c'est géré c'est plus un moyen de propagande, et de diplomatie agressive d'une certaine manière, qu'un moyen de solidarité et d'aide sanitaire», a-t-il en effet estimé sur France Info.

Spoutnik V a été le premier vaccin enregistré au monde basé sur la plateforme de vecteurs d’adénovirus humains. Début février, des résultats publiés dans la revue médicale The Lancet et validés par des experts indépendants avaient indiqué que le vaccin russe était efficace à 91,6% contre les formes symptomatiques du Covid-19.

Il a d'ores et déjà été enregistré dans près de 50 pays, parmi lesquels l'Iran, la Syrie, l'Egypte, l'Argentine, l'Algérie, la Bolivie, la Serbie, le Liban ou encore la Biélorussie.

La Chine appelle à la coopération

Egalement mise en cause par Emmanuel Macron, la Chine a également réagi par la voix la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Hua Chunying, citée par Ria Novosti. Celle-ci a rappelé en conférence de presse la position chinoise «selon laquelle les vaccins doivent constituer un bien public mondial».

Voyant le «nationalisme» vaccinal comme une «erreur», elle a ajouté : «La communauté internationale ne peut vaincre la pandémie qu’en s’unissant et coopérant. Nous espérons que l’ensemble des pays pourront apporter une contribution positive pour assurer la disponibilité et l'accessibilité des vaccins dans les pays en développement.»

Et la porte-parole de poursuivre : «La Chine est prête à œuvrer avec d’autres pays, notamment la France, pour renforcer la coopération internationale en matière de vaccins.»