Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a affirmé que Brahim Issaoui, l'auteur présumé de l'attaque mortelle au couteau survenue le 29 octobre dans la basilique de Nice, était «manifestement» venu en France «pour tuer», dans un entretien au journal La Voix du Nord publié ce 1er novembre.
Le Tunisien de 21 ans, grièvement blessé lors de son arrestation, «n’était présent sur le territoire national que depuis quelques heures. Il est manifestement venu là pour tuer. Comment expliquer sinon pourquoi il s’est armé de plusieurs couteaux à peine arrivé», affirme le ministre.
«Bien sûr, il appartient au procureur antiterroriste de définir quand son projet meurtrier s’est construit. Mais il n’est visiblement pas venu pour obtenir des papiers», a-t-il ajouté. Selon une source proche de l'enquête, Brahim Issaoui est arrivé à Nice le 27 octobre et a été repéré par des caméras de vidéosurveillance à proximité de la basilique la veille des faits.
Possédant des antécédents judiciaires de droit commun – violence et drogue – il avait quitté mi-septembre la ville de Sfax, au centre de la Tunisie, où il vivait avec sa famille. Arrivé clandestinement en Europe par l'île italienne de Lampedusa le 20 septembre, il aurait débarqué sur le continent, à Bari, dans le sud de l'Italie, le 9 octobre. Six personnes sont actuellement en garde à vue dans l'enquête sur cette attaque, dans laquelle trois fidèles ont été tués.
Renforcement de la force Sentinelle
Pour éviter toute nouvelle tentative d’attentat, Gérald Darmanin a évoqué dans une interview donnée à BFM TV le même jour le renforcement de la présence des forces de l’ordre. Celui-ci concerne notamment des «lieux catholiques et chrétiens en ce jour de Toussaint». Le ministre de l’Intérieur a souhaité rassurer en expliquant que «les militaires de la force Sentinelle» avaient été «rajoutés en nombre», passant de 3 000 à 7 000. Il a aussi confié avoir rappelé «des gendarmes notamment des gendarmes réservistes», au nombre de 1 500.
A propos du prêtre orthodoxe grec blessé par balle devant son église à Lyon le 31 octobre, le premier flic de France a expliqué ne pas disposer de nouvelles informations.
Dans quinze jours, la dissolution du CCIF, officine contre la République, sera proposée en Conseil des ministres
«Nous essayons de comprendre exactement ce qui s’est passé. Le parquet antiterroriste ne s’est pas saisi […] il n’y a pas de revendication aujourd’hui terroriste. S’il s’agit de délinquance de droit commun […] ou s’il s’agit d’un attentat terroriste, nous n’en avons pas aujourd’hui la certitude.»
Le ministre a par ailleurs indiqué dans l’entretien à la Voix du Nord que, dans le cadre de la lutte antiterroriste, «la dissolution du CCIF, officine contre la République» serait proposée en Conseil des ministres dans quinze jours. «Il y a aujourd’hui une cinquantaine d’associations qui sont regardées par les services de l’Etat pour une éventuelle dissolution», a-t-il précisé.
Le ministre avait annoncé son intention de dissoudre le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) après la décapitation, le 16 octobre, de Samuel Paty, professeur d'histoire dans un collège de Conflans-Saint-Honorine (Yvelines), par un jeune Tchétchène radicalisé. Autre association en ligne de mire : BarakaCity, accusée de «propager des idées prônant l'islam radical». Elle a été dissoute le 28 octobre en Conseil des ministres, ce que le président Emmanuel Macron a qualifié d'«étape importante» dans le «combat» contre le terrorisme.