Suite à l'émoi provoqué dans la société française par la décapitation du professeur de collège, Samuel Paty (47 ans), le 16 octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) est suspecté par plusieurs personnalités politiques et médiatiques d'avoir participé au harcèlement de cet enseignant qui avait montré des caricatures du prophète de l'islam, Mahomet.
Dans un premier temps, le CCIF avait opté le 16 octobre pour un message de compassion envers les proches de la victime, privilégiant le «silence» et le «deuil» face à «l'horreur», avant de pointer d'éventuelles récupérations «racistes» de «cet acte sidérant».
Cependant, suite à ce message, le CCIF a été attaqué par ce qu'il considère être «les habituels manipulateurs d'opinion, faisant mine de ne pas comprendre que nous parlons d'un silence de deuil, [qui] se sont sentis en confiance pour proclamer leur courage à parler, crier et se lever contre "l'islamisme" auquel ils ont automatiquement associé notre travail de lutte contre l'islamophobie», peut-on lire dans le premier paragraphe du communiqué publié par l'association, le 17 octobre.
«Cet enseignant n'a pas été "attaqué", mais décapité. Une campagne de harcèlement a été menée contre lui avec l'aide du CCIF et l'Académie [des Yvelines] en a été informée. Rien n'a été fait», avait estimé l'ancienne journaliste de Charlie Hebdo, Zineb el-Rhazoui, le 17 octobre sur Twitter.
De son côté, en réponse au message publié le 16 octobre par le CCIF, la députée LREM des Yvelines Aurore Bergé avait déclaré sur le même réseau social : «Votre silence, oui. Pas le nôtre. Pas après cette chasse à l'homme à laquelle vous avez participé. Ça suffit. La République ne baissera ni la tête, ni la garde devant vous.»
Le Collectif contre l'islamophobie en France a publié sur son compte Twitter un communiqué en réponse à Zineb el-Rhazoui et Aurore Bergé.
Dans ce texte, le CCIF considère les soupçons «d'avoir mené une campagne de harcèlement contre l'enseignant» comme «faux» et constituant «une diffamation d'une grande abjection». Il a en conséquence déposé une plainte contre Zineb el-Rhazoui et Aurore Bergé.
«Une simple enquête montrera que ces allégations sont fausses et d'une gravité extrême», peut-on encore lire dans le communiqué du CCIF. Et d'ajouter : «Contre la logique du choc, illustrée par Aurore Bergé, qui oppose un "nous" et un "vous", nous refusons ce séparatisme. L'enseignant Samuel Paty fait partie de nos morts, des morts de notre pays, ceux qui sont les victimes de l'extrémisme. Et avant d'en arriver à identifier les responsables, nous exprimons notre douleur et notre tristesse à la famille de cet enseignant, et celles et ceux qui lui ont été proches.»
Par ailleurs, Zineb el-Rhazoui s'est fendue d'un autre message sur Twitter en corollaire à l'annonce par le CCIF d'avoir porté plainte contre elle et Aurore Bergé.
«L'officine islamiste CCIF réagit à la décapitation de Samuel Paty en annonçant des poursuites judiciaires contre la députée Aurore Bergé et moi-même. Sans vergogne, ces fabricants de haine et d'islamisme veulent encore engorger les tribunaux avec leur pleurniche[rie] identitaire», a-t-elle clamé.
Toujours sur Twitter quelques minutes plus tard, l'ancienne journaliste de Charlie Hebdo a publié un autre message : «A tous ceux qui ne pardonnent pas au CCIF le sang qui a coulé en France à cause de l'accusation d'"islamophobie" que distribue cette officine islamiste en sachant que cela tue, reprenez mes propos et ceux d'Aurore Bergé ! Que le CCIF étende son djihad judiciaire à tous !»