Option Nuit, le syndicat des fonctionnaires de police travailleurs de nuit – également appelés «nuiteux» – s'est lancé à l'été 2020 et a déjà suscité quelque 13 000 adhésions sur les 21 300 travailleurs de nuit, selon le secrétaire général de cette organisation contacté par RT France. Un signal s'il en fallait que les «hiboux» se sentaient mal représentés par les corps intermédiaires.
Non convié aux réunions bilatérales à la Direction des ressources et compétences de la police nationale ce 15 septembre (car il n'existait pas à l'époque des élections professionnelles fin 2018), ce nouvel acteur de la maison police a voulu attirer l'attention du public en faisant témoigner des «nuiteux» sur les réseaux sociaux.
Dans deux vidéos, des policiers anonymes décrivent les conditions difficiles dans lesquelles ils doivent travailler au quotidien. L'une des fonctionnaires déplore : «Cela fait 15 ans que je fais les nuits, j'ai choisi ce métier pour aider les autres, à la base, mais je me rends compte qu'il n'y a pas grand monde qui nous aide, nous. Je travaille dans une ville où j'ai vu l'insécurité grandir d'année en année. La violence est permanente, récurrente, les agressions au couteau, c'est tous les jours.»
Dans une autre vidéo, un policier tient en main des panneaux qui décrivent son quotidien mais décrivent aussi le ressentiment du gardien de la paix : «Le policier a perdu sa place dans notre société actuelle, toujours pointée du doigt, la parole du policier a disparu pour laisser la place au truand. Aujourd'hui, mieux vaut être voyou que policier.»
Troubles du sommeil, accidents, cancer et pathologies cardiovasculaires, la liste des risques liés au travail de nuit est longue, selon la haute autorité de santé citée par un des témoins qui précise : «En six ans de nuit [...] selon les spécialistes j'ai déjà perdu un an de ma vie.»
Si le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, multiplie les gestes envers les forces de sécurité intérieure depuis son arrivée à Beauvau, notamment en portant deux demandes récurrentes des grands syndicats du secteur, l'anonymisation des policiers dans les vidéos médiatisées et la généralisation de la caméra-piéton, certaines spécialités de la maison police s'estiment pour le moment oubliées de la part du ministère et des organisations, c'est notamment le cas des «nuiteux» et des policiers techniques et scientifiques, récemment contactés par RT France.
Antoine Boitel