Le 9 mai à Sarcelles (Val-d'Oise), Thomas, jeune homme de 23 ans, «passait la soirée chez un ami pour fêter sa fin de contrat et il a décidé d'aller à l'épicerie. En sortant du commerce vers 20 heures, il a rencontré une connaissance», racontait le père de la victime, Philippe, dans un article du quotidien Le Parisien paru le 3 juillet. Décidant de suivre cette «connaissance» jusqu'à son domicile, Thomas y rencontre plusieurs personnes, dont un homme d'une quarantaine d'années qui venait de sortir de prison, son futur assassin.
Deux coups à la tête et dans le dos
Vers minuit, après une altercation avec le quarantenaire à propos d'une femme présente à la soirée, Thomas décide de quitter l'appartement avant d'être rattrapé dans le jardin public par cet homme, armé d'un couteau. «Son agresseur le frappe de deux coups à la tête et dans le dos, lui vole sa sacoche et ses clés. Thomas est blessé mais parvient à téléphoner à l'ami chez qui il était en début de soirée pour l'appeler au secours. Ce copain sort dans la rue, armé d'un pistolet d'alarme et tire plusieurs fois pour effrayer l'agresseur de Thomas», rapporte Le Parisien.
Trop tard, le tueur est revenu à la charge
Et de continuer : «Trop tard, le tueur est revenu à la charge et l'a de nouveau frappé avec son arme avant de quitter les lieux. Au total, le garçon a essuyé huit coups de couteau et l'hémorragie est si importante que son cœur s'arrête. De nombreux organes vitaux sont lésés.»
La mort de Thomas, décédé dans la nuit du 10 au 11 juin à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris (XIIIe) des suites de ses blessures, a suscité l'indignation de nombreuses personnalités politiques du Rassemblement national (RN) qui se sont indignées, notamment sur Twitter, que l'agression du jeune de 23 ans soit passée sous le radar des médias.
«Thomas, victime du système antinational de Macron», selon le RN
Outre le fait que l'agresseur présumé venait tout juste de sortir de prison, ce qui illustre selon eux une forme de laxisme du système judiciaire français, les membres du RN ciblent également l'absence de mobilisation populaire ou de soutien médiatique autour de ce meurtre, contrairement à celui d'Adama Traoré ou de George Floyd aux Etats-Unis.
La présidente du RN, Marine Le Pen, s'est indignée sur Twitter, indiquant que «le laxisme judiciaire» français «TUE». Et d'ajouter : «Je demande #JusticePourThomas, poignardé par un homme tout juste sorti de prison. Je REFUSE que notre jeunesse soit la proie de ces prédateurs qui n'ont rien à faire dehors, et la victime de politiques pénales lâches et irresponsables !»
Le vice-président du Rassemblement national, Jordan Bardella, est lui aussi monté au créneau sur le réseau social, afin de demander à la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, d'«assume[r] ses responsabilités» notamment en recevant les parents de la victime. Dans un communiqué publié le 4 juillet sur le site internet du RN, Jordan Bardella écrit notamment : «Nicole Belloubet est probablement la garde des sceaux la plus laxiste que la France ait jamais connue, et il serait bienvenu qu'elle soit débarquée à la faveur du remaniement des prochains jours.»
De son côté, le président du RN en Bourgogne Franche-Comté Julien Odoul a dénoncé l'absence de réaction à l'assassinat de Thomas, mais aussi de soutien à la famille de la victime : «Où sont les comités #JusticePourThomas ? Où sont les manifestations bruyantes ? Où sont les artistes politisés ? Malheureusement, Thomas n'est qu'un petit Français, il n'est ni une racaille ni un "racisé". En France, les nôtres se font assassiner dans l'indifférence générale.»
Le membre du bureau national du RN Jean Messiha pointe quant à lui la responsabilité du président de la République, Emmanuel Macron, dans l'assassinat de jeune homme de 23 ans à Sarcelles. «Chaque jour charrie son lot de victimes et ses vagues de sang sur les rivages de la France "progressiste" où les récidivistes récidivent, les violeurs violent et les assassins tuent. Thomas, victime du système antinational de Macron. #JusticePourThomas», a-t-il twitté.
Enfin, le vice-président du groupe Identité et Démocratie, Nicolas Bay, a souligné l'absence de mobilisation en soutien aux proches de la victime, dressant une comparaison avec les récentes manifestations organisées par le comité Adama : «Où sont les manifestants déchaînés quand il s’agit de demander justice pour le jeune Thomas, poignardé à mort par un homme qui sortait de prison ? #JusticePourThomas»
«Le RN s'approprie cette histoire»
Dans une publication postée le 4 juillet au soir, une internaute se présentant comme une proche cousine du jeune défunt a pour sa part exprimé son indignation face aux utilisations politiques du décès de celui qu'elle considérait comme son «frère». «Le RN s'approprie cette histoire sans avoir connu Thomas», a-t-elle par exemple déploré. «Nous ne voulons pas avoir un débat sur ce que vous appelez le racisme anti-blanc, d'un débat sur l'affaire Adama, alors que les deux histoires sont totalement différentes, nous respectons le combat des autres, nous avons le notre à mener, merci de le respecter et de respecter la manière dont nous voulons le faire», a-t-elle encore écrit celle qui souligne que le combat de la famille est de «faire reconnaître à l'Etat sa faute de libérer des détenus multirécidivistes [...] sans suivi».
Si les parents de la victime questionnent la légitimité de la libération de l'assassin présumé, ils pointent également du doigt la hausse considérable du niveau de violence dans la commune de Sarcelles, phénomène qui concerne plusieurs autres villes, tant en Ile-de-France que dans l'Hexagone.
«Après l'enterrement, nous organiserons une marche blanche pour Thomas qui était connu et apprécié par tous les commerçants et bon nombre de personnes dans le quartier», annonçaient les parents de la victime au quotidien francilien.