France

Commémorations de l'appel du 18 juin 1940 : 80 ans après, tous gaullistes ?

Après le traditionnel passage au Mont Valérien, Emmanuel Macron s'envolera pour Londres, d'où Charles de Gaulle avait lancé son appel en 1940. Les oppositions invoquent également l'héritage de De Gaulle en cette date anniversaire.

Le président de la République française célèbre ce 18 juin, à Paris puis à Londres, le 80e anniversaire de l'appel du 18 juin de Charles de Gaulle – l'occasion pour lui d'appeler à l'unité de la nation, quand tous ses adversaires se disputent l'héritage du général ou de l'appel du 18 juin 1940.

Pour commencer cette journée placée sous le signe de l'amitié franco-britannique, Emmanuel Macron se rendra aux Invalides, pour une visite du musée de la Libération, selon l'AFP. L'agence précise qu'il y rencontrera Hubert Germain, 99 ans, l'un des quatre derniers Compagnons de la Libération, qui est pensionnaire aux Invalides. Le chef de l'Etat assistera ensuite à la traditionnelle cérémonie au mémorial du mont Valérien, principal lieu d'exécution de résistants et d'otages pendant la Seconde Guerre mondiale. Il y sera aux côtés notamment de son prédécesseur Nicolas Sarkozy, mais sans public en raison de la crise sanitaire du Covid-19. 

La patrouille de France et les Red arrows de la Royal air force survoleront le mont Valérien et la statue de Winston Churchill devant le Petit palais.

Avec une délégation restreinte, il s'envolera ensuite pour Londres pour rendre hommage à la ville qui fut la capitale de la France Libre. Il s'agira de son premier déplacement à l'étranger depuis sa visite à Naples le 27 février pour un sommet italo-français.

Au lendemain de son arrivée à Londres, de Gaulle avait appelé les militaires, ingénieurs et ouvriers français à le rejoindre pour poursuivre la lutte contre l'Allemagne nazie, malgré l'armistice demandé par le maréchal Pétain. «Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas», avait-il déclaré en concluant son intervention.

Ce déplacement sera pour Emmanuel Macron le deuxième événement dans le cadre de «l'année de Gaulle» après la célébration, le 17 mai, du 80e anniversaire de la bataille de Montcornet (Aisne) et avant le 50e anniversaire de la mort du général à Colombey-les-Deux-Eglises le 9 novembre, rappelle l'AFP.

De Gaulle et l'appel du 18 juin : des symboles revendiqués de gauche à droite

Emmanuel Macron n'est pas le seul à se revendiquer du général de Gaulle, en particulier comme le défenseur de la «souveraineté» de la France, un terme qu'emploie désormais toute la classe politique ou presque.

Jusqu'à la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen, dont le parti a pourtant longtemps combattu le général au nom de l'Algérie française, qui s'est rendue le 17 juin sur l'île de Sein pour commémorer l'appel, un jour à l'avance. 

Citant en exemple sa défense de l'indépendance de la France, la candidate déjà déclarée à la présidentielle de 2022 estime désormais que le RN est le véritable héritier des valeurs de De Gaulle. Mais elle n'aura pas réussi à rendre un hommage à De Gaulle le 18 juin, en même temps que celui du président de la République au mont Valérien. Devant l'hostilité du maire et d'habitants qui voulaient protester contre sa venue, elle a finalement avancé d'un jour son aller-retour sur l'île, où elle est discrètement arrivée sous quelques invectives et d'où elle est repartie deux heures plus tard après son discours, en zodiac. Elle a par la suite affirmé étudier une action en justice contre le préfet du Finistère.

Les autres formations de droite eux aussi se revendiquent de De Gaulle, à commencer par LR pour qui le gaullisme est «l'ADN de notre famille», selon le patron du parti Christian Jacob, qui ira déposer une gerbe au mont Valérien. Pour Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, qui a rendu hommage au général de Gaulle ce 18 juin dans un communiqué,  «plus que jamais, les Françaises et les Français doivent décider s’ils veulent suivre à nouveau le chemin tracé par la boussole léguée par le Général De Gaulle»

A gauche, l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon salue en de Gaulle un homme qui «n'a jamais adhéré à la main invisible du marché, et préférait la planification». «L’insoumission est davantage qu’un programme politique. C’est aussi un état d’esprit, une façon d’être. Etre insoumis, c’est refuser d’être dominé à titre individuel et collectif, quelles que soient les circonstances. En ce sens, on peut dire que le De Gaulle de la Seconde Guerre mondiale s’est comporté comme un insoumis», a-t-il également fait valoir sur son blog le 17 juin, tout en rappelant que «la rupture avec le capitalisme et ses effets d’épuisement des hommes et de la nature ne faisaient pas parti des préoccupations du Général» et que ce dernier était l'adversaire de la révolte de mai 68.

«En ce jour anniversaire», le Parti communiste français (PCF) salut lui l'appel 18 juin «et surtout l’union de tous les mouvements de Résistance». «Le programme  des "Jours heureux", proclamé en 1944 par le gouvernement du général de Gaulle auquel participaient des ministres communistes, répondait aux espoirs de tous les français, dans leur grande diversité», a souligné le parti sur son site.

Enfin, les partis favorables à la sortie de la France de l'Union européenne, l'UPR dirigé par François Asselineau et Les Patriotes présidés par Florian Philippot, n'ont pas manqué de rendre hommage au général de Gaulle et à l'appel du 18 juin.