Le syndicat Sud Santé a annoncé le 2 juin qu'il quittait la table du Ségur de la santé, mécontent de la tournure prise par cette concertation, censée améliorer les conditions de travail des soignants et la prise en charge des malades. «La fédération Sud Santé Sociaux quitte l’impasse du Ségur pour continuer à construire le rapport de force qui permettra de renverser la vapeur», a tweeté le syndicat.
«Pendant la crise, le président Macron a fait toute une série de promesses. Mais depuis le début des discussions, on ne voit rien venir», a justifié auprès de l'AFP Jean-Marc Devauchelle, secrétaire général de Sud Santé Sociaux. «Le gouvernement fait des annonces mais arrive ensuite au Ségur les mains dans les poches. C'est inadmissible», a ajouté le responsable syndical, dénonçant un «manque de considération» pour les syndicats.
Pas de véritables négocations
Dans son communiqué mis en ligne sur Twitter, Sud Santé a notamment critiqué le fait que le gouvernement n'ait pas fait de proposition chiffrée sur les rémunérations lors des premières réunions organisées avec les syndicats. Le syndicat a également dénoncé la fin de la «gratuité des soins» et l'absence d'initiative pour sortir la Santé des «lois du marchés».
Le Ségur fait partie intégrante du problème, et pas de la solution
«Comme nous le craignions, à la place de négociations [...], on nous a présenté un concept de réunion "brainstorming" national», s'est indigné l'organisation syndicale, dénonçant un manque de «moyens» et de «marge de négociation». «Dans ces conditions, le Ségur fait partie intégrante du problème, et pas de la solution. Y rester, ce serait cautionner le stratagème du gouvernement», a-t-elle ajouté, en appelant de ses voeux de «véritables négociations». Le Premier ministre Edouard Philippe avait pourtant promis «un vaste plan d'aide à l'investissement» pour les hôpitaux.
Sud Santé, quatrième syndicat dans la fonction publique hospitalière (8,5%), réclame une hausse de salaire de 300 euros net pour tous les personnels hospitaliers, ainsi qu'un moratoire sur les fermetures de lits dans les hôpitaux.
Le Ségur, lancé en grande pompe par Edouard Philippe le 25 mai et piloté par l'ancienne responsable de la CFDT Nicole Notat, figure très contestée dans le milieu syndical, doit déboucher d'ici la mi-juillet sur des propositions concrètes pour l'hôpital public et les soignants. Mais plusieurs syndicats se sont d'ores et déjà agacés de la tournure des discussions, dénonçant une «parodie de concertation» et une «opération de communication». Sud a appelé les autres organisations à le suivre en quittant à leur tour la table des négociations.