France

France : des centaines de soignants mobilisés pour «sortir l'hôpital public de ce marasme» (IMAGES)

Opposé à un Ségur de la santé de plus en plus contesté, le personnel soignant s'est mobilisé devant plusieurs hôpitaux à travers la France. Les contestataires réclament des «hausses de salaires» et l'«arrêt des fermetures de lits» dans les hôpitaux.

A Paris, mais également sur tout le territoire français, plusieurs rassemblements de personnel soignant ont de nouveau eu lieu ce 28 mai devant des hôpitaux afin de réclamer «du fric pour l'hôpital public», alors que le plan «Ségur de la santé», censé concrétiser les hausses de salaires et de moyens promis pour les soignants, en est à son quatrième jour. 

Forte mobilisation devant l'hôpital Robert-Debré

A Paris (XIXe), plusieurs centaines de personnes, dont des infirmiers, médecins et aide-soignants en blouse blanche, se sont réunis devant l'hôpital Robert-Debré à l'occasion d'une «casserolade» (concert de casseroles), organisée dans le cadre du mouvement «#JeDisColère».

Un représentant de la CGT-APHP s'est exprimé devant l'hôpital Robert-Debré : «Partout il a fallu que l'on repousse les murs pour installer des lits qui avaient été fermés pendant de nombreuses années. Tous les collègues se sont attelés à la réouverture des services pour y mettre des lits.»

Regroupés autour d'une banderole «Hospitaliers Usagers Tous unis pour la santé», ils ont appelé à «mettre la pression» sur le gouvernement pour obtenir des «hausses de salaires» et l'«arrêt des fermetures de lits» dans les hôpitaux.

Le personnel soignant de l'hôpital Robert-Debré s'est ensuite allongé devant l'entrée de l'établissement afin d'en bloquer les allers et venues.

Les protestataires ont ensuite été bloqués par les forces de l'ordre, non loin de l'hôpital. Aucun heurt n'a été signalé.

Le personnel médical de l'hôpital Robert-Debré a finalement pris place sur le parvis de l'église Sainte-Geneviève pour se mobiliser.

«La crise du coronavirus a mis en lumière les difficultés auxquelles les hôpitaux publics sont confrontés», mais «la crise dure depuis longtemps», a rappelé Stéphane Dauger, chef du service de réanimation pédiatrique de Robert Debré et membre du Collectif Inter-Hôpitaux. «Les personnels sont épuisés. Il faut des gestes forts de la part du gouvernement dès les prochains jours, avant la mise en place de véritables négociations», a insisté le praticien, qui juge «urgent» de «sortir l'hôpital public de ce marasme».

Les soignants se mobilisent partout en France

Plusieurs rassemblements ont eu lieu au même moment devant l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris, XIIIe), l'hôpital Avicenne (Bobigny dans le 93), ou bien encore à Besançon (Doubs), où près de 300 personnes se sont retrouvées sur le parvis du CHRU. «On veut faire notre travail dans de bonnes conditions», a déclaré Marc Paulin, membre du collectif des Blouses blanches, qui a pris la parole devant les manifestants, équipés de pancartes «Des salaires, pas la misères» ou «Bas les masques».

«Il a fallu cette foutue épidémie pour que [Emmanuel] Macron organise le Ségur de la santé», a regretté le professeur Laurent Thines, du Collectif Inter-Hôpitaux, présent lors du rassemblement de Besançon. Avant d'appeler les soignants à «être vigilants» sur les résultats du Ségur : «On ne veut pas de grand bla-bla, [Emmanuel] Macron».

Dans la matinée, une manifestation a également été organisée à l'appel de la CGT devant le siège de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP), pour «exiger des comptes» après la crise du coronavirus. «Après cette pandémie, nous, ce qu'on veut, c'est faire un véritable état des lieux [...] On ne peut plus revenir au système de santé en France comme il était il y a quelques mois», a expliqué à l'AFP Franck Moubeche, aide-soignant et délégué CGT.

Un message relayé par Yolande Ho A Tchung, infirmière à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne) : «Les horaires variables, les heures supplémentaires qui ne sont pas retenues, pas comptabilisées, on ne veut plus ça. On veut pouvoir prendre nos repos». 

Ces manifestations surviennent alors que le Ségur de la santé est entré le 28 mai dans son quatrième jour. Cette concertation, destinée à améliorer les conditions de travail des soignants, doit déboucher sur des propositions concrètes mi-juillet. Le Premier ministre Edouard Philippe avait assuré le 25 mai, à l'inauguration du Ségur de la santé, que l'Etat allait investir «massivement» dans le secteur hospitalier, jugeant nécessaire d'«accélérer les projets» portés par les hôpitaux et de les accompagner «dans leurs démarches de désendettement».