Les Echos ont appris le 8 mai qu'un neuvième groupe parlementaire va être formé par 58 députés issus en partie de La République en marche. Pour coller à la mode de l'écologie, cette formation se nommera «Ecologie démocratie solidarité». D'après le quotidien économique, ce groupe devrait être opérationnel dès le 1er juin. Parmi les LREM qui mènent cette coalition Aurélien Taché – connu pour ses positions en faveur d'une France multiculturelle – Guillaume Chiche ou encore Emilie Cariou.
Ces derniers temps, Aurélien Taché avait multiplié les petites piques à l'encontre du gouvernement, d'aucuns se demandant s'il n'entrait pas alors dans une forme d'opposition. Il avait notamment interpellé le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner sur Twitter en l'enjoignant de régulariser des immigrés clandestins sans-papiers pendant la crise sanitaire, à l'instar du Portugal : «Etre solidaire, c’est protéger l’ensemble des personnes présentes sur son territoire sans distinction, c’est ce que le Portugal vient de nous prouver. Et nous ? Christophe Castaner.»
Comme le notent Les Echos, dans «Ecologie démocratie solidarité», on retrouve des élus macron-compatibles : des proches de Cédric Villani et de Matthieu Orphelin ; «des non-inscrits, souvent venus de la gauche, exclus du groupe majoritaire» ; des élus du «groupe social-démocrate formé de l'ancien député LREM Jean-François Cesarini»...
Parmi les noms médiatiques qui rejoignent ce groupe, la présidente de Génération écologie, Delphine Batho, plutôt inscrite, depuis 2017, dans une démarche d'opposition à Emmanuel Macron.
Avec cette création, il y aurait en tout cas assez de parlementaires LREM pour faire baisser le groupe «officiel» en dessous de la majorité absolue de 289 sièges (actuellement le groupe LREM dispose de 296 membres). Néanmoins, il ne faut pas oublier que le principal partenaire de LREM, le Modem, compte toujours lui 46 membres.
Autant dire que si ce nouveau groupe peut être une épine dans le pied pour le gouvernement, celui-ci dispose encore d'une Assemblée nationale largement acquise à sa cause. D'autant plus qu'une grande partie des députés du groupe «Ecologie démocratie solidarité» adhère à la philosophie générale de l'exécutif, comme sur la réforme du code du travail de Muriel Pénicaud, la privatisation de la SNCF, la suppression de l'ISF ou la mise en place d'une flat tax sur les revenus du capital. Certains d'entre eux sont même favorables au traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada (CETA), pourtant fortement critiqué par les organisations écologistes.
Dans la profession de foi, que Les Echos a pu se procurer, «Ecologie démocratie solidarité» se donne pourtant pour objectif de «faire plus et mieux à l'Assemblée nationale, [pour] répondre à l'urgence écologique, moderniser la démocratie, réduire les inégalités sociales et territoriales». «Après le Covid-19, plus rien ne doit être comme avant», est-il également écrit.
Parmi les autres ambitions du groupe : «Retrouver d'urgence le sens de l'essentiel : notre souveraineté alimentaire, notre besoin de sécurité sanitaire, notre production locale pour des emplois de proximité, relever les défis du changement climatique, réinventer le lien social.»
Opposition ? Majorité ? Un groupe très «en même temps»
Le «en même temps» macronien n'est jamais bien loin : «Notre groupe est indépendant, ne se situant ni dans la majorité ni dans l'opposition. Dans la gravité des circonstances, nous voulons être d'abord un groupe utile à la France [...] Nous serons une force exigeante, prête à construire avec le gouvernement et la majorité chaque fois qu'ils seront à l'écoute de nos propositions.» «Ecologie démocratie solidarité» ne ressemble donc pas à une opposition, mais davantage à un lobbying politique pour un cap résolument plus éolien et plus souple en matière d'immigration.
Nous serons une force exigeante, prête à construire avec le gouvernement et la majorité chaque fois qu'ils seront à l'écoute de nos propositions
Néanmoins, «un poids lourd de la majorité», interrogé par Les Echos, estime qu'«ils sont dans une rupture de confiance avec le président et avec leurs électeurs». D'après le média économique, des proches du président s'activeraient d'ailleurs «pour convaincre certaines personnalités de ne pas s'y rallier in fine (Hugues Renson, Barbara Pompili…)».
Pour autant, ce groupe fait figure d'aile gauche de LREM, tant voulue par le gouvernement depuis des mois. Ne serait-ce pas pour mieux attirer certains écologistes vers Emmanuel Macron en vue de 2022 ?
BG