France

Accident de Villeneuve-la-Garenne : la thèse de la bavure policière de plus en plus lointaine

Après l'accident de Villeneuve impliquant un conducteur de moto, deux enquêtes sont menées simultanément : l'une vise le motard et l'autre les policiers. Mais la théorie de la bavure policière s'éloigne selon une nouvelle exploitation vidéo.

Citée par Le Parisien, Catherine Denis, procureur des Hauts-de-Seine est très claire : «L'exploitation d'une nouvelle vidéo accrédite la version des policiers. Elle montre que leur véhicule était bien à l'arrêt et que le motard est arrivé très vite en changeant de trajectoire.» Autrement dit : Mouldi C., 30 ans, entré en collision avec une voiture de police nationale à l'arrêt alors qu'il conduisait une moto-cross non-homologuée à Villeneuve-la-Garenne le 18 avril, n'aurait, selon les premiers éléments de l'enquête, pas été victime d'une quelconque bavure policière. C'est pourtant ce qu'affirmait la rumeur qui avait très vite circulé sur les réseaux sociaux Snapchat et Twitter dans la soirée de l'accident, faisant de surcroît allusion à une «jambe arrachée», qui s'est en réalité avéré être une fracture ouverte. 

Un récidiviste bien connu de la justice

Par ailleurs, ainsi que l'a relevé le secrétaire général du syndicat policier VIGI-MI, Alexandre Langlois, le 21 avril auprès de RT France, l'équipage de police nationale avait été appelé dans cette commune des Hauts-de-Seine par des riverains excédés par le rodéo solo auquel s'adonnait l'individu, par ailleurs délinquant récidiviste, en plein confinement et sans porter de casque.

Le parquet de Nanterre avait déjà publié un communiqué pour porter à la connaissance du public quelques faits concernant l'affaire, le 20 avril. Contactés par RT France, les services du procureur avaient confirmé l'authenticité de ce communiqué qui circulait sur internet : «Le motard est un homme de 30 ans, condamné à 14 reprises, notamment pour infractions à la législation sur les stupéfiants, refus d'obtempérer, violences aggravées, extorsion... et plusieurs fois incarcéré. Il a fait l'objet de trois verbalisations pour violation du confinement. Il se trouve sous contrôle judiciaire depuis le 16 mars 2020 pour des faits de menaces de mort matérialisées par un objet (un hachoir) dans le cadre d'une procédure de comparution par procès-verbal après défèrement devant le procureur de la République.»

Deux enquêtes en cours

Le journal Le Parisien précise que deux enquêtes sont en cours : l'une vise Mouldi C. pour «mise en danger de la vie d'autrui» et «rodéo motorisé» et l'autre, confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) qui devra déterminer la responsabilité ou non des policiers de la brigade anticriminalité présents sur place lors de la collision.

J'ai été tellement surpris que j'ai fait un mouvement de recul à l'intérieur du véhicule

Deux autres citations se rapportant à cette affaire sont par ailleurs rapportées par Le Parisien. L'une est attribuée à Mouldi C. lors de son interrogatoire par les enquêteurs le 24 avril. Lorsqu'il lui a été demandé quels étaient ses rapports avec les membres des forces de l'ordre, il aurait répondu : «Je n'ai pas de problème avec eux, chacun fait son travail.»

Une autre phrase est extraite de l'audition d'un des fonctionnaires de police interrogés : «Il roulait à vive allure, en faisant des runs et en actionnant excessivement son régime moteur.»

Selon le journal, le trentenaire accidenté aurait admis qu'il comptait simplement contourner la voiture banalisée des policiers (à cet instant à l'arrêt) par la droite, en empruntant la piste cyclable. Il dit cependant avoir ignoré que la Volkswagen Passat était un véhicule de police banalisé contenant trois agents de la BAC.

La version du chef de bord qui a ouvert la portière avant-droit du véhicule est alors reproduite par Le Parisien : «J'ai donc décidé de mettre pied à terre afin de procéder à son contrôle. J'ai ouvert ma portière et avant d'avoir pu m'extraire du véhicule, je constate que le deux-roues la percute violemment et chute lourdement au sol. J'ai été tellement surpris que j'ai fait un mouvement de recul à l'intérieur du véhicule.»

Des nuits d'émeutes pour une «bavure» inexistante ?

La suite est connue ; le conducteur du deux-roues est projeté, se casse une jambe contre un poteau et alors qu'un fonctionnaire lui prodigue les premiers soins en réalisant un garrot, des badauds filment, agrémentant la vidéo, bientôt virale sur les réseaux sociaux, de commentaires parfois erronés ou mensongers, notamment sur la gravité de la blessure de Mouldi C. La scène est alors rapidement qualifiée de «bavure policière» par certains commentateurs.

Plusieurs nuits d'émeutes se sont enchaînées après l'accident, dans des quartiers sensibles du département des Hauts-de-Seine, d'Ile-de-France et sur tout le territoire national, les forces de l'ordre figurant parmi les premières cibles de ces épisodes de violence. Le département des Yvelines a quant à lui traversé une nouvelle nuit de violences visant des policiers le 2 mai.