Un accident survenu dans des circonstances encore floues, qui aurait impliqué la police le 18 avril à Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine), a été suivi de trois nuits de violences urbaines. L'identité du motard, opéré pour une fracture du fémur puis transféré dans un hôpital parisien pour une seconde intervention, se précise. Le parquet de Nanterre a en effet produit un communiqué relatant l'état du dossier en date du 20 avril, dans lequel on apprend que l'individu était connu de la justice. Un élément qui ne justifie en rien «le comportement policier», selon certaines personnalités.
Dans ce document, le bureau du procureur de la République près le Tribunal judiciaire détaillait le profil pénal du conducteur accidenté, qui roulait sans casque : «Le motard est un homme de 30 ans, condamné à 14 reprises, notamment pour infractions à la législation sur les stupéfiants, refus d'obtempérer, violences aggravées, extorsion... et plusieurs fois incarcéré. Il a fait l'objet de trois verbalisations pour violation du confinement. Il se trouve sous contrôle judiciaire depuis le 16 mars 2020 pour des faits de menaces de mort matérialisées par un objet (un hachoir) dans le cadre d'une procédure de comparution par procès-verbal après défèrement devant le procureur de la République.»
Interrogé par RT France quelques heures après la publication de ce communiqué, mais quelques heures avant les dernières violences de Villeneuve-la-Garenne, le délégué départemental du syndicat policier VIGI-MI, Noam Anouar, a déclaré sur notre plateau : «Moi je fais la différence entre un jeune qui vit difficilement le confinement et qui sort faire un footing ; et ce qui s'est passé là [le 18 avril à Villeneuve-la-Garenne lors de l'accident de moto-cross]. Là c'est quelqu'un qui polluait l'existence des habitants depuis plusieurs soirs en roulant sur une moto-cross, il faut prendre la mesure de ce qui s'est passé.»
Pour d'autres personnalités, en revanche, le casier judiciaire du motard ne justifie nullement la violence de l'accident. C'est notamment l'avis de Christophe Michaud, avocat au barreau de Paris, qui a réagi sur Twitter : «Le profil du motard ne devrait même pas rentrer en ligne de compte. C'est abject de raisonner ainsi. Seule l'analyse de la nécessité et proportionnalité du contrôle des policiers doit primer.»
L'ancienne porte-parole du collectif Stop le contrôle au faciès, Sihame Assbague, avait elle aussi abordé le sujet avant la diffusion du communiqué du 20 avril. La militante féministe et antiraciste estime ainsi que «la criminalisation de la victime» est «un classique des versions policières». «On justifie ainsi le comportement policier tout en marginalisant les versions contradictoires», déplore-t-elle.
Le conseiller municipal de Saint-Denis, Madjid Messaoudene, a pour sa part estimé que les personnes soulignant que le motard accidenté n'avait «pas de casque», ou qu'il avait violé le confinement, étaient «de la pire espèce».
Si à ce stade, aucun lien de cause à effet n'a été établi entre l'accident et les violences, des personnalités politiques de droite comme l'eurodéputé RN Nicolas Bay estiment que l'accident impliquant le motard a servi de «prétexte», «dans les zones de non-droit, [...] pour haïr la France».
Dans son ensemble, la droite a largement condamné les épisodes de violence nocturne survenus à Villeneuve-la-Garenne.
Le Rassemblement national a même lancé une pétition invitant à «neutraliser les racailles».