Après des agressions, des vigiles escortent les soignants de l'hôpital Lariboisière à Paris

La direction de l'hôpital Lariboisière, dans le Xe arrondissement de Paris, a recruté des gardes du corps pour accompagner jusqu'aux transports son personnel, harcelé par les toxicomanes du quartier de Gare du Nord.
Certains soignants de l'hôpital Lariboisière se plaignaient d'être agressés, verbalement ou physiquement, par des individus errant dans ce quartier du nord-est parisien. Ils pourront désormais, s'ils le souhaitent, être raccompagnés jusqu'aux stations de métro ou aux gares, de 18h à 22h, par des agents de sécurité embauchés par la direction de l'établissement de santé.
Le quartier, de l'avis de nombreux riverains, est devenu un point de fixation de la toxicomanie et de la vente de drogue. Dans un reportage de BFM TV, plusieurs soignants se disent rassurés par la présence des agents de sécurité recrutés à cet effet. Dans les rues d'ordinaire animées, vidées par le confinement, les soignants représentent des cibles pour les toxicomanes livrés à eux-mêmes, présents en nombre inhabituel.
En effet, l'épidémie a occasionné la fermeture de nombreuses structures d'accueil pour les consommateurs de drogues de Paris. Ils affluent désormais autour de la salle de consommation de drogues à moindre risque du quartier, appelée aussi «salle de shoot», dont l'accueil a été maintenu. Faire la manche ne fonctionnant plus à cause du manque de passants, ce public aux abois devient plus agressif.
Alexandra Cordebard, la maire du Xe arrondissement, s'est félicitée que l'APHP ait décidé d'avoir recours à ces agents de sécurité.
La #sécurité des personnels soignants est une priorité, et je salue la décision prise par l’ @APHP, avec l'accord de la Police nationale, de mobiliser des personnels de sécurité pour les accompagner entre l’hôpital Lariboisière et les métros Gare du Nord et Barbès.
— Alexandra Cordebard (@ACORDEBARD) April 1, 2020
Cependant la syndicaliste et policière Linda Kebbab, déléguée nationale Unité SGP Police FO, s'est indignée de cette situation sur Twitter. Elle a rappelé que les riverains se plaignaient à longueur d'année de l'insécurité du quartier mais qu'aucun policier supplémentaire n'avait été affecté a la zone depuis l'ouverture de la salle de consommation à moindre risque.
Triste blague! Des années que les riverains/employés de Gare du Nord vivent l’enfer. 0 policier en + depuis l’ouverture de la salle de conso’ à moindre risque(de shoot).
— Linda Kebbab (@LindaKebbab) April 1, 2020
Embaucher des bodyguards c’est comme un appel national au don ou coudre son propre masque: un échec de l’Etat https://t.co/pYUAVter7e
De nombreux riverains se sont également offusqués de ce curieux transfert de compétences au secteur privé, accusant les pouvoirs publics et la municipalité d'abandonner la zone. Depuis quelques jours, voisins et collectifs du quartier se plaignent sur Twitter de l'état de déliquescence des abords de l'hôpital. Toxicomanes s'injectant de la drogue au pied des immeubles, attroupés en dépit des règles sanitaires, circulant à proximité des soignant, jetant des immondices : ce triste spectacle est diffusé sur les réseaux sociaux.
Hey @CCastaner il est ou ton confinement ??
— MK (@MKlovac) March 31, 2020
Plein de gens, qui checkent les voitures devant #lariboisiere qui se frôlent
qui se droguent#salledeshoot
Elles vont être contentes ce soir les infirmières avec leur bagnole pétée
Merci @prefpolice et @Anne_Hidalgopic.twitter.com/DLJdUzbykO
Les rues autour de la #SCMR sont de véritables #bombes sanitaires. @Anne_Hidalgo : qd demanderez-vous à @prefpolice d'y faire respecter confinement et mesures barrières ?
— Demain La Chapelle (@2mainLaChapelle) March 29, 2020
Grand temps que la Mairie de Paris se mobilise pour salubrité du quartier et sécurité sanitaire de tous ! https://t.co/yswQkV54fg
Rue St Vincent de Paul aujourd’hui, le nettoyage supplémentaire selon @ACORDEBARD autour de la #SCMR salle de shoot salle de consommation de #Paris10 !!! Aucun nettoyage depuis le début du confinement. Aucune mesure sanitaire dans 1 quartier sous pression,à risque,rien de rien 😤 https://t.co/4uWCAZSauWpic.twitter.com/ATvEUZl9cj
— Sophie Paris X (@SophieParisX) March 30, 2020
Anne Souyris, adjointe à la Santé de la maire de Paris Anne Hidalgo, a reconnu dans le quotidien Le Parisien le 29 mars que la situation était «dramatique». Selon l'élue, plusieurs centres d'accueil de toxicomanes vont rouvrir et des chambres d'hôtels leur seront attribuées.
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