Pour la première fois, après 70 samedis consécutifs de mobilisation dans les rues, il n'y aura pas de manifestation de Gilets jaunes en France ce 21 mars pour l'acte 71.
Plus d'un an après leur apparition le 17 novembre 2018, les manifestants à la chasuble fluorescente, qui ont grandement marqué la vie politique française depuis plus d'un an, sont contraints au confinement comme le reste de la population, alors que la pandémie de coronavirus se propage en France. Aucun appel à transgresser les consignes n'a d'ailleurs été émis par les figures du mouvement de contestation. Au contraire. Contacté par RT France, Jérôme Rodrigues rappelle qu'il avait déjà appelé à ne pas manifester le 14 mars pour l'acte 70. «C'est frustrant mais on doit être responsables et solidaires, j'avais déjà lancé cet appel samedi dernier. On n'attend pas que le gouvernement nous dise ce qu'on doit faire et on reste dans le combat actif avec les réseaux sociaux», explique-t-il.
Pour les plus motivés d'entre les Gilets jaunes, il ne s'agit pas d'abandonner la mobilisation, loin s'en faut. Certains ont ainsi fait preuve d'inventivité en appelant à manifester d'une autre manière. C'est ainsi que sur les réseaux sociaux, les confinés sont invités à accrocher leurs gilets jaunes à leurs fenêtres ou sur les portails des maisons pour rappeler qu'ils sont là tout en respectant les consignes sanitaires.
Certains en profitent pour ajouter à leurs revendications un message de soutien au personnel soignant, actuellement sur le pied de guerre pour lutter contre la maladie. Même les enfants sont appelés à contribuer en faisant des dessins destinés à tous ceux qui doivent aller travailler sur le terrain.
Une autre forme d'action est sans doute à prévoir dans la soirée. Un appel à faire du bruit à l'aide de casseroles depuis les fenêtres à 21 heures a été lancé et relayé. «Nous sommes confinés mais nous n'oublions pas les exactions du gouvernement et le déni démocratique que nous subissons depuis 17 mois», peut-on lire par exemple sur une page d'action de Gilets jaunes sur Twitter.
Ce concert de casseroles suivra d'une heure le désormais traditionnel concert d'applaudissement aux fenêtres qui se tient tous les soirs à 20h en hommage au personnel soignant depuis le début du confinement. Autre forme d'action : pour centraliser ce qui ne va pas au niveau de la gestion des l'épidémie, Jérôme Rodrigues a créé avec des amis une adresse mail grâce à laquelle il entend recueillir et recenser les témoignages de ceux qui sont confrontés à la maladie d'une façon ou d'une autre.
Pour Maxime Nicolle, également joint par RT France, cette période de confinement devrait servir à faire élargir la contestation.
«Ça fait bizarre de ne pas manifester, on pourrait être un peu dégoutés, mais on constate qu'il y a des gens qui n'étaient pas Gilets jaunes qui commencent à se rendre compte de l'incompétence du gouvernement», estime le Gilet jaune breton. Comme Jérôme Rodrigues, il affirme continuer «d'informer les gens sur le danger de laisser le pouvoir à une petite caste». Selon Maxime Nicolle, la gestion de cette crise sanitaire est révélatrice de «l'incompétence du gouvernement» qui «met la vie des citoyens en danger» de son point de vue. Il pointe l'état de «délabrement de l'hôpital public, le manque de masques de protection pour les hospitaliers, les discours contradictoires». «Les gens se rendent compte de la réalité du capitalisme, et ce n'est pas faute d'avoir alerté depuis plus d'un an avec les Gilets jaunes», rappelle-t-il.
Concernant l'après-confinement, Maxime Nicolle admet qu'il est difficile de se projeter et de «réfléchir à une forme de combat alors qu'on ne sait pas quand et comment on va se sortir de tout ça».
Pour l'acte 70 le 14 mars, la manifestation parisienne des Gilets jaunes avait bien eu lieu, réunissant plusieurs centaines de personnes malgré l'appel de plusieurs figures du mouvement comme Jérôme Rodrigues ou Maxime Nicolle à ne pas manifester.