France

Pandémie : Buzyn dit avoir quitté son ministère «en sachant que les élections n’auraient pas lieu»

Dans un entretien au Monde, l'ex-ministre de la Santé déclare avoir rejoint à regrets la campagne des municipales à Paris mi-février, «en sachant que les élections n’auraient pas lieu» en raison de la pandémie de coronavirus.

Les aveux sont spectaculaires. Agnès Buzyn, qui a quitté son poste de ministre de la Santé pour être candidate de La République en marche (LREM) à Paris après la démission de Benjamin Griveaux mi-février 2020, suggère au Monde avoir eu dès ce moment la conviction que l'agenda des municipales ne pourrait pas être maintenu en raison de la pandémie de coronavirus.

Quand j’ai quitté le ministère, je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous

«Quand j’ai quitté le ministère, je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous. Je suis partie en sachant que les élections n’auraient pas lieu», confie-t-elle au journal, dans un article publié le 17 mars. Cette campagne qu'elle a pourtant menée, n'avait à ses yeux pas lieu d'être au vu de l'urgence sanitaire : «Depuis le début je ne pensais qu’à une seule chose : au coronavirus. On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade. La dernière semaine a été un cauchemar. J’avais peur à chaque meeting. J’ai vécu cette campagne de manière dissociée», déclare-t-elle au Monde.

Elle rapporte s'être inquiétée très tôt de «ce qui se passait en Chine», et avoir tenté d'alerter le président et le Premier ministre : «Le 20 décembre, un blog anglophone détaillait des pneumopathies étranges. J’ai alerté le directeur général de la santé. Le 11 janvier, j’ai envoyé un message au président sur la situation. Le 30 janvier, j’ai averti Edouard Philippe que les élections ne pourraient sans doute pas se tenir. Je rongeais mon frein.» Pourquoi alors, s'être jetée dans la bataille des municipales ? «Je recevais des milliers de textos me disant : “Il n’y a que toi…” Je me suis dit que je n’allais pas laisser La République en marche dans la difficulté… Paris est un beau mandat», fait-elle valoir.

Buzyn regrette finalement l'emploi du mot «mascarade»

Plus tard ce 17 mars, Agnès Buzyn a confirmé, dans un communiqué cité par l'AFP, avoir alerté Edouard Philippe sur le risque de report des élections municipales à cause du coronavirus, et a déclaré regretter l'emploi du mot «mascarade» à propos du scrutin.

Dans la journée du lundi 16 mars, au lendemain du premier tour des municipales (où les électeurs parisiens l'ont placée en troisième position) et avant même l'annonce par Emmanuel Macron du report du second tour, Agnès Buzyn déclarait avoir décidé d'arrêter sa campagne, considérant qu'elle ne pouvait «être que médecin» désormais. Elle avait également appelé tous les colistiers et militants de son parti à «rester chez eux».