France

Face à la crise du coronavirus, Emmanuel Macron plaide pour une santé en «dehors des lois du marché»

Le président de la République a mis un accent particulier sur l'importance du personnel soignant et de la santé publique dans le cadre de son allocution sur le Covid-19 – et ce, dans un contexte plus ancien de grogne du secteur hospitalier.

C'est vers le personnel soignant, les «héros en blouse blanche», que les encouragements du chef de l'Etat lors de son allocution du 12 mars se sont d'abord tournés en cette période de «plus grave crise sanitaire qu'ait connue la France depuis un siècle».

La santé n'a pas de prix

«La santé n'a pas de prix. Le gouvernement mobilisera tous les moyens financiers nécessaires pour porter assistance, pour prendre en charge les malades, pour sauver des vies, quoi qu'il en coûte», a assuré avec aplomb le président. 

S'il a appelé à la «mobilisation générale» médicale et à l'«union sacrée» des Français en cette période, le président a également évoqué la prise de décisions publique sur le long terme : «Beaucoup des décisions que nous sommes en train de prendre, beaucoup de changements, nous les garderons car nous apprenons aussi de cette crise», a-t-il déclaré. 

Et le chef d'Etat d'évoquer la santé gratuite en «dehors des lois du marché» : «Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, c'est que la santé gratuite, sans condition de revenus, de parcours ou de profession, notre Etat-providence, ne sont pas des coûts ou des charges, mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe», a-t-il déclaré. Des propos allant à contre-courant des reproches qui lui ont été adressés au cours des derniers mois par l'opposition de gauche et des membres du milieu hospitalier, démissionnaires ou grévistes, qui dénoncent un manque de soutien public à ce secteur. 

«Ce que révèle cette pandémie, c'est qu'il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché [...] Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie au fond à d'autres, est une folie», a martelé le chef d'Etat, promettant des «décisions de rupture» dans les «prochaines semaines et prochains mois». 

La promesse d'une rupture concernant la santé ?

Ces annonces de crises interviennent après près d'un an de bras de fer entre les professionnels de santé et l'exécutif. Depuis le printemps 2019, la grogne des salariés du secteur hospitalier, qui réclament entre autres une hausse des salaires, plus de budget et des embauches, a abouti à la décision de 800 médecins chefs de renoncer à leurs fonctions administratives et d'encadrement, tout en continuant d'assurer les soins. 

«Oui, M. le président, vous pouvez compter sur nous, comme nous aimerions pouvoir compter sur vous», pouvait-on lire d'ailleurs sur des pancartes brandies par des professionnels de santé publiées sur les réseaux sociaux par le Collectif Inter-Hôpitaux (CIH), en première ligne dans la grogne de l'hôpital public.

Le ministre de la Santé Olivier Véran a rencontré des médecins membres du CI  démissionnaires le 20 février dernier dans une rencontre qui semble avoir apaisé les tensions, ces derniers évoquant dans un communiqué une «discussion plutôt constructive». Le Collectif Inter-Hôpitaux n'a pour autant pas renoncé à ses revendications sur l'augmentation des salaires, qu'il demandait encore en dénonçant un budget« insuffisant depuis 10 ans», le 12 mars, en amont du discours présidentiel.