Ce 7 mars, les Gilets jaunes sont revenus dans la rue pour l'acte 69, dans un contexte particulier : l'étude par les parlementaires du projet de réforme des retraites, l'approche des élections municipales (le premier tour se tient le 15 mars), mais aussi la propagation du coronavirus en France, contre laquelle le gouvernement a interdit tout rassemblement de plus de 5 000 personnes.
En tout état de cause, des Gilets jaunes mobilisés à Paris ont dénoncé l'usage par le gouvernement de l'article 49.3 de la Constitution, afin d'adopter en première lecture à l'Assemblée le volet principal du projet de loi sur la réforme des retraites. L'un de nos reporters, Charles Baudry, faisait état d'une marche allant de gare de l’Est à la Porte de Champerret, et d'une autre reliant la place d’Italie à celle de la République, ayant pour mot d'ordre : «Non au 49.3 retour à une vraie démocratie».
«Ce que j'ai pu constater dans [le discours de la majorité et du gouvernement] au sein de l'hémicycle [...] [c'est qu']ils ne font que balancer de la poudre de perlimpinpin, parce que dans les faits il n'y a aucune mesure» sur les problématiques sociales au sens large, a témoigné la Gilet jaune Inda Bigot, au micro de notre reporter Mona Hammoud-Elhor.
Dans la soirée, les forces de l'ordre ont tenu des Gilets jaunes à distance du Grand Café Bataclan, où la candidate de La République en marche (LREM) à la mairie de Paris, Agnès Buzyn, tenait un meeting.
Des tensions à Lyon, des policiers et manifestants blessés
L'AFP rapporte que des tensions ont émaillé la manifestation des Gilets jaunes à Lyon (Rhône), qui a rassemblé plusieurs centaines de personnes place Bellecour, en début d'après-midi.
Peu après le départ du cortège qui se dirigeait vers les quais du Rhône, rapporte l'agence, les forces de l'ordre ont avancé leur véhicule disposant d'une lance à eau afin d'empêcher les manifestants de progresser. Les CRS ont répliqué à des jets de projectiles (notamment de bouteilles en verre), par des tirs de gaz lacrymogènes et fait usage de la lance à eau.
24 policiers ont été blessés, notamment par des jets de pavé, a fait savoir la préfecture. Du côté des manifestants, un «Comité de liaison contre les violences policières» a recensé 20 blessés, en se basant sur des informations de «street medics» (des secouristes de manifestations) ; mais les autorités n'avaient elles connaissance que de trois cas. Un adolescent de 16 ans a subi une double fracture de la mâchoire d'un tir de LBD, a indiqué son père à l'AFP, qui a critiqué l'attitude des forces de l'ordre qui ont gêné, a-t-il affirmé, l'arrivée des secours. Il compte porter plainte.
Sept personnes ont été interpellées, selon la préfecture. Et, d'après l'AFP, deux banques ont été dégradées dans une rue piétonne.
Un journaliste de Lyon Mag a diffusé sur Twitter des images des événements à Lyon, sur lesquelles on peut constater l'usage de gaz lacrymogènes par les forces de l'ordre et des dégradations commises par des manifestants (dont des incendies de parasols).
A Amiens (Somme), 21 personnes ont été interpellées selon la préfecture de la Somme, notamment pour port d'arme blanche ou possession de fumigènes.
Par ailleurs, la cinquième «Assemblée des Assemblée» des Gilets jaunes se tient à Toulouse ce week-end. Elle entend promouvoir, notamment, une opération à la sortie des urnes, le 15 mars : l'organisation de scrutins officieux qui devraient permettre aux Français de s'exprimer sur le projet de réforme des retraites porté par la majorité.