France

«Pas de croche-pied à l'éthique» : sous pression, Castaner exige l'exemplarité des policiers

Lors de ses vœux à la police nationale, le ministre de l'Intérieur a rappelé aux fonctionnaires à leur devoir d'«exemplarité» : il les a invités à ne pas faire de «croche-pied à l'éthique», après une série d'affaires mettant en cause des policiers.

Dans un discours annonçant ses vœux à la police depuis l'école nationale supérieure des officiers de police (ENSOP) de Cannes-Ecluse (Seine-et-Marne), ce 13 janvier, Christophe Castaner a rappelé les forces de l'ordre au devoir d'«exemplarité» après une série de polémiques concernant des actions menées par les forces de sécurité intérieure.

«C’est l’honneur de la police qui est en jeu, on ne fait pas de croche-pied à l'éthique, sauf à s’abaisser, à abaisser la police», a ainsi déclaré le ministre de l'Intérieur dans une référence à peine voilée à une vidéo montrant un policier qui faisait tomber une manifestante à Toulouse le 11 janvier.

Ces images venaient s'ajouter à celles qui montrait le livreur Cédric Chouviat après sa verbalisation à Paris le 3 janvier et un tir de LBD 40 très proche de sa cible le 9 janvier, à Paris également, lors de la mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites.

Le ministre a précisé aux jeunes fonctionnaires : «L'usage juste et proportionné de la force est ce qui sépare la démocratie de l’arbitraire, ce qui distingue l’ordre et la brutalité, c’est le fondement, aussi, de notre confiance avec les Français.»

C’est l’honneur de la police qui est en jeu, on ne fait pas de croche-pied à l'éthique

Christophe Castaner a aussi eu un mot au sujet du fameux RIO (référentiel des identités et de l'organisation, dont le port est exigé des policiers, notamment en maintien de l'ordre, depuis le 1er janvier 2014) : «Policier ou gendarme, représenter les forces de l’ordre, c’est être un modèle, c’est assumer qui l’on est et porter son RIO. C’est être respectueux, même face à ceux qui ne le sont pas. C’est garder son sang-froid, même face à la provocation, même face à la haine, même face aux coups.»

Le gouvernement a-t-il mis la pression à Christophe Castaner pour se saisir médiatiquement du sujet des violences illégitimes ? Le 11 janvier, il avait déjà tenu des propos similaires lors du lancement de la «conférence citoyenne» à Beauvau, qui voit un panel de 100 citoyens choisis par l'institut Ifop contribuer à la réflexion sur le rapport entre forces de l'ordre et population. Cette réflexion doit mener à l'élaboration d'un Livre blanc sur la sécurité intérieure. Le ministre a assuré : «Le format de la conférence a pour but d'éviter les consultations expéditives et artificielles. [...] Je souhaite que cette parole ait autant de valeur que celle des experts.»

Au cours de l'été 2019, Christophe Castaner avait déjà annoncé la tenue de cette consultation, mais il avait fait part à La Gazette des communes d'une idée plus inattendue : «Je veux également que les citoyens puissent s’exprimer [...] et des débats seront organisés dans chaque brigade de gendarmerie ou commissariat de police et dans chaque sous-préfecture.» Manifestement, c'est le cœur du pouvoir parisien qui a été préféré pour cette conférence, en présence du ministre, du secrétaire d'Etat, du préfet de police de Paris et du directeur général de la police nationale qui a annoncé récemment son prochain départ anticipé à la retraite, Eric Morvan.

Lire aussi : Confrontation entre pompiers et forces de l'ordre : un syndicat de CRS présente «mille excuses»