Manuel Valls, «Nous sommes engagés dans la durée et pour longtemps en Syrie»
Dans le cadre du débat sans vote à l'Assemblée nationale, Manuel Valls a exposé la position de la France sur l'intervention aérienne en Syrie. Il a exclu tout déploiement de troupes au sol, hypothèse jugée selon lui «inconséquente et irréaliste».
Manuel Valls, Premier ministre: «Nous sommes engagés dans la durée et pour longtemps. Il ne faut pas tromper nos concitoyens. C'est Daesh qui a déclaré la guerre, contre nos valeurs, contre la civilisation. Ce sont d'abord les musulmans qui en sont victimes».
Selon Jean-Yves Le Drian, Ministre de la Défense, il y a trois éléments qui justifient ces frappes: la progression très importante de Daesh «en ce moment même». Ensuite, des projets d'attentats conçus en Syrie. Enfin, ces frappes «n'entraîneraient pas le renforcement de Bachar el Assad».
Elisabeth Guigou, Présidente de la Commission des Affaires étrangères a déclaré que «La Syrie a besoin d'un gouvernement de transition associant les éléments du régime et de l'opposition». Elle appelle à coopérer avec la Russie et l'Iran, ainsi que les pays du Golfe et la Turquie dans la crise syrienne.
Le Député du Front de Gauche de Seine-Saint-Denis, François Asensi: «Nous avions émis d'une forte réserve lors de l'opération Chammal. La France avait alors une position plus atlantiste que les Etats-Unis. Cela a conduit la France à une intransigeance. Nous posons aussi la question de l'efficacité de ces frappes». Le député a également pointé que l'intervention aérienne en Syrie se fait sans l'aval de l'ONU, exposant la France à une illégalité internationale. Il demande une coalition internationale avec les Russes, les Iraniens, les Sunnites et les Chiites.
Christian Jacob a reproché au gouvernement français d'avoir déséquilibré les alliances traditionnelles du pays, notamment avec la Russie. Il a ainsi estimé que dés lors, la voix de la France sur le dossier syrien est «inaudible».
Manuel Valls : entre 20.000 et 30.000 ressortissants étrangers dans les filières irako-syriennes.
Parmi les djihadistes étrangers mentionnés par le Premier ministre, 133 personnes parties de France et impliquées dans les filières irako-syriennes, ont été tuées.
Devant les députés, le Premier ministre a exposé dans un discours et dans un débat sans vote les lignes directrices de l'intervention aérienne française en Syrie.
Selon lui, l'intervention de la France en Syrie sera basée sur le principe de légitime défense, et notamment l'article 51 de la Charte des Nations Unies.
Manuel Valls a également souligné que la France agira en toute autonomie: «Nous aurons une autonomie de décision et d'action. Nous choisirons seuls les zones et les objectifs à frapper».
«Plusieurs missions ont d'ores et déjà été réalisées» et «cette campagne durera le temps qu'il faudra, plusieurs semaines certainement» a ajouté Manuel Valls.
Ces vols se feront avec les moyens de l'opération Chammal, déjà déployée en Irak.
Il a également averti qu'il était «hors de question que ces frappes contribuent à renforcer le régime de Bachar el Assad». «Aucun arrangement avec Bachar al Assad n’est possible».
A la question de savoir s'il faut déployer des troupes au sol, la réponse a été négative: «Toute intervention terrestre, c'est-à-dire toute intervention au sol de notre part ou occidentale, serait inconséquente et irréaliste». «Il s'agit là d'un piège tendu par les djihadistes pour nous contraindre à intervenir au sol et à appeler à la guerre sainte contre une prétendue croisade» a-t-il ajouté.
Il a cependant estimé que si une coalition de pays de la région se formait contre Daesh, cette coalition aurait «le soutien de la France».
Manuel Valls a également évoqué le rôle de l'Iran dans le règlement de la crise syrienne, «la France doit parler à tous» a-t-il indiqué.
Enfin, le Premier ministre a annoncé que la France organisera une conférence internationale sur tous les réfugiés.