L'horizontalité en action : les Gilets jaunes ont tenu leur quatrième Assemblée des Assemblées

L'horizontalité en action : les Gilets jaunes ont tenu leur quatrième Assemblée des Assemblées© Twitter : @frederic_rtfr
La séance plénière de l'ADA des Gilets jaunes à Montpellier, le 1er novembre.
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Né d'un rejet viscéral de la représentation, le mouvement des Gilets jaunes, après un an d'existence, réfléchit à comment avancer tout en respectant sa volonté absolue d'horizontalité. Plongée au cœur de leur Assemblée des Assemblées à Montpellier.

A l'approche de leur premier anniversaire, les Gilets jaunes ont tenu à Montpellier leur quatrième Assemblée des Assemblées (ADA) du 1er au 3 novembre. Une manière de mettre en pratique de façon très concrète le concept d'horizontalité qui constitue l'ADN du mouvement : mandatés par leurs compagnons des ronds-points, ils sont près de 500 à être venus des quatre coins du pays pour échanger sur diverses thématiques et mettre en commun leurs réflexions, dans l'optique de faire avancer le mouvement par leur intelligence collective.

L'horizontalité en action : les Gilets jaunes ont tenu leur quatrième Assemblée des Assemblées

Au défi méthodologique de taille que représente l'organisation des débats se sont, en outre, ajoutés les quelques bâtons dans les roues mis par les autorités. Aucune des collectivités contactées n'ont, en effet, répondu aux demandes des organisateurs de leur allouer une salle pour l'événement. Loin de se laisser abattre, ceux-ci ont décidé d'occuper un ancien musée agricole laissé à l'abandon en 2010. Entre ce cadre aux allures de squat postmoderne (de nombreux vestiges du musée se situant dans un bâtiment défraîchi, tagué de toutes parts), et une occupation jugée illégale par la préfecture, l'image d'un mouvement capable de fonctionner en parallèle d'un système qu'il combat ne s'en trouve que renforcée.

Reste que les autorités avaient fait savoir qu'elles entendaient «mettre fin à cette occupation en respectant les procédures légale», ce qui, dans les faits, a permis à l'événement de se tenir sans encombre. C'est un petit monde en autogestion totale qui s'est alors mis en œuvre le temps d'un week-end : de la cantine, avec uniquement des produits locaux et bio, au coin buvette, en passant par la sécurité et la mise en place de l'imposante sono... Des bénévoles se sont chargés de faire tourner la machine pour que les échanges d'idées se passent dans les meilleures conditions. En somme, les Gilets jaunes ont reproduit à plus grande échelle ce qu'ils façonnent sur les ronds-points depuis bientôt un an.

Appel à rejoindre la grève du 5 décembre

C'est dans ces conditions et dans une ambiance résolument studieuse que les discussions se sont tenues trois jours durant. Sur la forme, des petits groupes d'une dizaine de personnes ont échangé sur l'une des sept thématiques, définie en amont afin de pouvoir préparer le sujet. Chaque groupe a ensuite écrit une synthèse de ses réflexions, qui a finalement été partagée en assemblée générale. Conscients que, par essence, le mouvement est traversé par des courants très divers, il n'était pas question de faire émerger des réponses communes. L'objectif était plutôt de lister les points d'accords autant que de désaccords, pour donner une photographie à l'instant de T de l'état d'esprit du mouvement.

Cependant, dans le cadre de leur thématique «Comment travailler avec les autres mouvements ?», les Gilets jaunes ont tout de même voté une proposition pour rejoindre la grève du 5 décembre contre la réforme des retraites. L'appel à s'associer à cette grève a été adopté à une écrasante majorité lors d'un vote à main levée, en séance plénière. «L'heure est à la convergence avec le monde du travail et son maillage de milliers de syndicalistes qui, comme nous, n'acceptent pas», ont-ils également précisé dans un communiqué de presse.

Parmi les autres thèmes, on retrouve des pistes de réflexion qui touchent à d'autres sujets d'actualité, comme les actions envisagées pour le premier anniversaire du mouvement le 17 novembre prochain, ou encore l'attitude à adopter dans le contexte des municipales, qui se tiendront en mars 2020. A noter que ce point fut source de nombreux désaccords, notamment sur la pertinence ou non de présenter des listes. Certains participants estimaient en effet essentiel de s'implanter dans le paysage politique local – d'autant qu'il revient aux maires d'élire les sénateurs – quand d'autres ne souhaitaient pas rentrer dans le jeu politique, et subir ainsi les affres de la représentation. Comme toujours, il a été souligné qu'in fine le choix revenait aux groupes locaux, les mieux à mêmes d'analyser la situation sur place et qui demeurent de toutes façons totalement souverains dans leur décision.

Une relation toujours difficile avec les médias

Un consensus s'est en revanche dégagé sur le thème des «alliés et des ennemis». Les médias, avec qui le mouvement entretient une relation conflictuelle depuis ses débuts, ne sont toujours pas en odeur de sainteté auprès des Gilets jaunes. «Les médias dominants sont à ranger avec l'ennemi, étant dans l'ensemble des organes de propagande de l'ennemi», ont-ils expliqué dans leur synthèse présentée lors de l'assemblée générale.

Malgré tout, le sentiment est, par nécessité, quelque peu ambivalent : déplorant d'être «invisibilisés», les Gilets jaunes avaient en effet convié la presse à cette ADA, une première en quatre éditions. Tenus à l'écart des travaux de groupe et après avoir reçu des consignes claires sur les endroits possibles de filmer, la présence des journalistes de la presse mainstream – et notamment de BFM TV – s'est accompagnée d'une défiance manifeste tout au long du week-end. Lors de la présentation de la synthèse sur les actions envisagées pour le 17 novembre, l'assemblée a, comme un seul homme, intimé au Gilet jaune qui avait pris la parole de se taire, jugeant qu'il n'était pas souhaitable de faire part de leurs plans en présence des médias.

Le RIC, absent des débats et pourtant omniprésent

Sujet emblématique qui rassemble au sein du mouvement, le référendum d'initiative citoyenne en toutes matières ne figurait, quant à lui, pas parmi les thèmes débattus. Impossible pourtant de ne pas être confronté à cette idée, discutée par tous et mise en avant sur des pancartes, des affiches ou encore des banderoles aux quatre coins du bâtiment.

Les Gilets jaunes se sont tellement appropriés le concept, que certains, à l'image d'un groupe de l'Aveyron, ont décidé de le mettre eux-mêmes en application au niveau local. Après un travail d'information de longue haleine dans leur commune de Saint-Affrique, ils ont convaincu les habitants de s'approprier le sujet, et voteront le 23 novembre pour accepter ou décliner les trois propositions qui ont émergé, à savoir l'utilisation de produits locaux et bio dans les cuisines collectives, l'interdiction du glyphosate sur la commune et... l'intégration du RIC dans les prises de décision de la commune.

Selon les Gilets jaunes qui l'ont mis en place, ce projet expérimental a reçu un accueil plutôt favorable de la mairie et ils espèrent que s'il fait mouche au niveau local, il commencera à essaimer, pour finir par s'imposer comme une évidence au niveau national.

Frédéric Aigouy

Lire aussi : Troisième Assemblée des Assemblées: les Gilets jaunes veulent multiplier les initiatives municipales

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