France

«Barbarie pénitentiaire», «enfermement mortuaire» : Redoine Faïd déplore ses conditions de détention

Dans un entretien accordé au JDD, le braqueur multirécidiviste Redoine Faïd, l'un des détenus les plus célèbres de France après son évasion spectaculaire en hélicoptère en juillet 2018, déplore ses conditions de détention en isolement.

On se souvient de ses évasions spectaculaires, dont celle qu'il a réalisée à bord d'un hélicoptère le 1er juillet 2018, et de son arrestation le 3 octobre de la même année. Le braqueur multirécidiviste Redoine Faïd, qui purge sa peine dans la prison ultrasécurisée de Vendin-le-Vieil dans le Pas-de-Calais, a accordé un entretien exclusif au Journal du Dimanche. Il raconte ses conditions de détention à l'isolement et estime être «emmuré vivant».

«On est emmuré vivant. On ne voit personne. On ne touche personne, au sens propre et au figuré», déclare-t-il, affirmant vivre dans une exclusion totale : «Une vie de paria, de rebut de la société». Il explique n'avoir droit à aucune activité, ni travail ni ateliers. «Tout ça, c'est interdit. Alors on survit hors du temps, en totale autarcie. Nous sommes des êtres sans contact, attendant la fin de la vie», a déploré le braqueur.

Ils me mettent excessivement à poil pour me fouiller alors que je ne croise personne, ils regardent à plusieurs mes parties intimes. Je les appelle la Brigade des zizis

Il raconte ensuite comment se passe ses journées et ses contacts compliqués avec les surveillants de prison qui le traiteraient, selon ses propos, selon leur humeur du jour. «Avec un gardien correct, j'ai droit, tous les deux jours, à une séance de sport dans une cellule minuscule. Et à une heure de promenade, matin et soir, dans une petite cage bétonnée». Mais l'autorisation de promenades ou de sport ne lui serait pas toujours accordée et ce, «sans raison ni justification», assure-t-il.

Les fouilles des gardiens dans sa cellule qu'«ils retournent» indisposent également Redoine Faïd. «Ils laissent leurs traces de bottes sur tes draps. Ils me mettent excessivement à poil pour me fouiller alors que je ne croise personne, ils regardent à plusieurs mes parties intimes. Je les appelle la Brigade des zizis», ironise-t-il.

«J'essaie de tourner en dérision ce processus de déshumanisation, humiliant, violent. C'est un enfermement mortuaire et morbide. Toute la barbarie pénitentiaire est concentrée dans cette structure carcérale hyper criminogène. C'est fait pour écraser ton âme», raconte le détenu. 

La journaliste du JDD lui fait alors remarquer que ces conditions de détention très strictes visent à éviter une nouvelle évasion. Redoine Faïd tape alors sur la vitre de Plexiglas qui les sépare et lui dit : «Ça, vous croyez que ça résiste à un explosif, à une disqueuse ?» Il souligne ensuite avoir reçu un papier du service pénitentiaire d'insertion et de probation (Spip) «sur lequel il est écrit que je suis un détenu modèle».

Agé de 47 ans, Redoine Faïd dit avoir reçu «moins de dix visites» en un an. Condamné à 25 ans de réclusion pour son rôle d'«organisateur» dans un braquage raté en 2010, qui avait coûté la vie à une policière municipale, il doit être rejugé en 2020 pour le braquage d'un fourgon blindé.

Il risque également très gros pour son évasion de la prison de Réau en 2018. «Ils peuvent me mettre un siècle s'ils veulent, je l'accepte. Parce que j'assume ce que je fais [...]. Je ne changerai jamais», conclut-il.

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