La femme voilée qui a été prise à partie par Julien Odoul à propos de son accoutrement lors d'une séance plénière du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté le 11 octobre annonce son intention de porter plainte contre ce conseiller régional du Rassemblement national.
Le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) a fait savoir le 16 octobre dans un communiqué que cette femme, dénommée Fatima E., comptait déposer plainte à Dijon pour «des violences commises en réunion par personnes dépositaires de l’autorité publique sur mineur et majeur à caractère racial».
Ils ont détruit ma vie…
Une deuxième plainte doit être déposée le lendemain au tribunal de Paris pour «provocation publique à la haine raciale par des élus», ajoute le communiqué. Cette plainte parallèle vise un tweet du conseiller régional RN qui évoquait l'attentat du 3 octobre à la préfecture de police de Paris.
La mère de famille qui encadrait à ce moment les enfants en sortie scolaire a accordé un entretien au CCIF, un organisme controversé accusé d'être proche de la mouvance islamiste des Frères musulmans : une accusation récemment débattue au tribunal au procès dans lequel le CCIF s'est opposé à la journaliste Isabelle Kersimon. Dans cet entretien, Fatima E. donne des nouvelles de son état de santé après l'altercation : «Comment je vais… Fatiguée, j'ai peur de tout. Parfois le visage de cette dame me revient, j’ai des frissons et je tremble. Sincèrement, ils ont détruit ma vie…» Elle explique également que son fils, qui était présent pendant la scène où Julien Odoul a demandé sa mère de retirer son voile islamique, a fait des cauchemars et qu'il était depuis suivi par «une psychologue du CCIF».
Marine Le Pen accuse la plaignante d'être une «militante»
Depuis cet épisode, filmé et visionné des centaines de milliers de fois, la polémique n'a cessé d'enfler autour de la question du voile islamique, provoquant des remous jusqu'au sein de la majorité présidentielle. Tant et si bien que, selon France info le 16 octobre, Emmanuel Macron aurait appelé, en off, à ne pas «stigmatiser» les musulmans, dénonçant un «raccourci fatal» entre lutte contre le terrorisme et islam.
Tout dit qu'elle est une militante en réalité
Citant l’Elysée, France Info a ainsi rapporté que le chef de l’Etat aurait alerté ses proches sur les conséquences graves que pourraient engendrer ces débats : la crainte d'une «guerre civile» aurait notamment été évoquée.
Réagissant à cette polémique, la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen – qui a contesté sur la forme l'invective de Julien Odoul – a estimé ce 17 octobre au micro d'Europe 1 que la mère voilée était «une militante» : «Tout dit qu'elle est une militante en réalité. Parce qu'aucun [...] journaliste n'a réussi à la contacter et que la première interview qu'elle donne c'est au travers d'une structure […] très proche des Frères musulmans [qui] défend une vision radicale de l'islam.» Dans ce fameux entretien au CCIF, Fatima E., déclare pour sa part : «Aujourd'hui, j’ai une opinion négative de ce qu’on appelle la République.»
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