Une semaine après l’incendie qui a ravagé l’usine Lubrizol de Rouen, classée Seveso, et dans lequel plus de 5 000 tonnes de produits chimiques ont été détruites, la composition des éléments partis en fumée lors du sinistre a été rendue publique, mais l’évaluation de leur impact sur la santé reste problématique alors que les premiers cas de personnes hospitalisées, potentiellement à cause des particules rejetées dans l’incendie, ont été révélés.
Selon des informations de BFMTV, les autorités sanitaires ont recensé 156 personnes s’étant rendues aux urgences. Parmi eux figuraient 35 enfants. D’après le CHU de Rouen, cette afflux représente entre 15 et 20 individus par jour se présentant pour des nausées, des vertiges ou encore des difficultés respiratoires. Il a donné lieu à six hospitalisations pour des patients victimes de maladies respiratoires déjà diagnostiquées.
Le 2 octobre, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, avait confirmé ces difficultés. «En réalité, aujourd'hui, personne ne sait exactement ce que donnent ces produits mélangés lorsqu'ils brûlent. C'est la demande que nous allons faire à l'Ineris, qui est l'agence chargée de l'évaluation des risques industriels […] Cette pollution qui est réelle, pour l'instant elle n'entraîne pas de risques pour la santé, avec ce que nous connaissons aujourd'hui», a-t-elle fait valoir, reconnaissant néanmoins que «l’Etat aujourd’hui ne peut répondre à [la] question [de la toxicité de la fumée]».
Devant les sénateurs, le 2 octobre, le Premier ministre s’était lui voulu rassurant, promettant de veiller à «l’engagement absolu du gouvernement, de l’État, à la transparence totale, complète» et à ce que «rien ne vienne exonérer la responsabilité de l'industriel» dans l’indemnisation des dommages ou des futures victimes.
Manifestations pour «la vérité»
La veille, plusieurs centaines de personnes s’étaient retrouvées à Rouen afin de réclamer «la vérité» sur les conséquences sur la santé et l’environnement de l’incident. Les manifestants brandissaient des pancartes comme « Une usine chimique qui brûle sans toxicité c’est comme une tarte aux fraises sans les fraises ?» ou encore «Ils cachent la vérité, à nous tous d’enquêter».
Mis face à ses promesses de «transparence» et devant la pression populaire, l’exécutif avait rendu publique la liste des produits ayant brûlé dans l’incendie. «Tous les produits ne sont pas dangereux», avance-t-on à la préfecture, qui a mis en ligne 479 fiches sur «les caractéristiques des produits et des risques associés» en cas de combustion.
Répondant à l’AFP, Raymond Cointre, directeur général de l’Insitut national de environnement industriel et des risques (Ineris), affirme de son côté que les niveaux de dioxines mesurés sous le panache de fumée de l’incendie étaient «relativement faibles». «Je ne pense pas qu’il faille avoir d’inquiétude particulière», a-t-il rappelé.
Le préfet de Normandie, Pierre-André Durand a annoncé le 2 octobre que 160 fûts endommagés restaient encore à évacuer de l’usine. Plus de 100 maires et élus normands ont demandé ce même jour la reconnaissance rapide de «l’état de catastrophe technologique».
Le parquet de Rouen se dessaisit de l’affaire
Le 1er octobre, le parquet de Rouen avait annoncé se dessaisir du dossier au profit du pôle santé publique de Paris, principalement en raison de la «technicité» des investigations qui restent encore à mener.
Une information confirmée par le parquet de Paris qui avait justifié ce choix «au regard de l’importance du sinistre survenu sur un site classé Seveso, du nombre de plaintes déposées et de la complexité des investigations restant à réaliser».
Les députés ont eux décidé de mettre en place une mission d’information. Ils ont auditionné Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique, dans la soirée du 2 octobre. Au palais du Luxembourg, une commission d’enquête serait «dans les tuyaux».
Par ailleurs, Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, a souligné le 2 octobre que l’exécutif allait demander «à l’ensemble des dirigeants des sites Seveso d’effectuer des contrôles de sécurité».