France

Richard Ferrand : «Un mis en examen n’est coupable de rien»

Dans une interview accordée au Télégramme, le président de l'Assemblée nationale a confirmé qu'il ne démissionnerait pas après sa mise en examen. Il s'est dit «serein et déterminé», insistant sur le fait qu'un «mis en examen n’est coupable de rien».

Alors qu’il vient d’être mis en examen, le 12 septembre, pour «prise illégale d'intérêts» dans l'affaire immobilière des Mutuelles de Bretagne, Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale, a accordé une interview à nos confrères du quotidien régional breton Le Télégramme. Le député du Finistère a tenu à rappeler qu’un «mis en examen n’est coupable de rien», assurant qu’il n’était «entravé en rien dans la plénitude de l’exercice de [ses] fonctions [de président du palais Bourbon]».

L’ancien socialiste «regrette simplement que la très juste analyse du parquet de Brest, très motivée, il y a deux ans, qui a classé sans suite mon dossier, n’ait pas été retenue, alors qu’il n’y a strictement aucun élément nouveau depuis». Il se dit néanmoins «serein et déterminé», précisant avoir été «très sensible aux soutiens apportés par toute la majorité et par de nombreuses personnalités politiques de tous bords».

Questionné sur une possible démission, à l’instar de celle de François de Rugy durant l’été, alors qu’il était ministre de la Transition écologique et solidaire, l’occupant du perchoir a été clair : «François de Rugy, alors ministre, a fait ce choix en conscience, alors que rien ne lui est reproché sur le plan légal […] Il a maintenu la règle selon laquelle une mise en examen implique le retrait du gouvernement […] Et c’est d’ailleurs, à mes yeux, une règle discutable, puisqu’elle prive un ministre de la présomption d’innocence […] Pour ma part, je n’entends pas renoncer à démontrer jusqu’au bout mon innocence. Je ne vois pas pourquoi une mise en examen deviendrait une présomption de culpabilité, alors que cette situation, justement, me permet d’accéder au dossier et de me défendre.»

Mis en face de ses déclarations à propos de François Fillon durant la campagne présidentielle de 2017, l’ancien ministre a esquivé habilement. «Le candidat Fillon avait dit que, s’il était mis en examen pour des sujets qui touchaient à ses fonctions d’élu, il se retirerait. Avant mon élection, il y a un an, j’avais indiqué que je ne démissionnerais pas si j’étais mis en examen, après un classement sans suite sur un dossier strictement professionnel. Pour François Fillon, j’avais considéré, à l’époque, qu’il avait renié un engagement qu’il avait eu tort de prendre. Moi, je suis fidèle au mien», a-t-il souligné.

Enfin, sur l’indépendance de la justice, notamment celle des juges du parquet, Richard Ferrand estime que c’est «injurier les magistrats […] que de considérer qu’ils sont à la botte du pouvoir», certifiant «l’interdiction absolue, pour le ministre de la Justice, de donner quelque instruction que ce soit à quelque magistrat que ce soit». «La magistrature est indépendante, qu’elle soit du siège ou du parquet», a-t-il conclu.

Invitée le 12 septembre sur Europe 1, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, avait expliqué qu'il était «logique» que le président de la République «conserve toute sa confiance» à Richard Ferrand étant donné qu'il était «un homme loyal, droit, qui a eu un parcours politique [...] exemplaire, qui a toujours été très fidèle».

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