L'enquête de l'Assemblée nationale dédouane François de Rugy de l'accusation d'avoir organisé des dîners privés fastueux quand il présidait l'institution, fragilisant la première révélation qui a abouti à la démission du ministre de la Transition écologique. «Que des dîners professionnels, c'est ça la tournure, c'est avéré», a confié une source proche de l'enquête à l'AFP le 19 juillet, alors que le rapport, «en cours d'écriture», doit être rendu public mardi 23 juillet.
Alors président de l'Assemblée nationale, François de Rugy et son épouse ont multiplié les dîners privés fastueux à l'Hôtel de Lassay entre 2017 et 2018, a affirmé le 10 juillet Mediapart, dans le premier d'une série d'articles consacré au ministre de la Transition écologique.
Documents, photos de homards et de grands crus à l'appui, le journal en ligne recensait une dizaine de ces dîners qui rassemblaient des invités appartenant apparemment au cercle relationnel et amical de son épouse Séverine de Rugy.
François de Rugy avait farouchement nié avoir commis une faute, mettant en avant «un travail de représentation» requis par ses fonctions. Il s'était aussi engagé, le cas échéant, à «rembourser chaque euro contesté».
«Pour moi, ce n’est pas privé parce qu’en fait, c’est du relationnel», avait pour sa part déclaré au média en ligne Séverine de Rugy: «Certes, ça appartient à un cercle amical mais on n’est pas là pour se taper la cloche.»
L'Assemblée nationale a-t-elle réalisé une enquête honnête ?
Toutefois, le journaliste d'investigation de Mediapart Fabrice Arfi a réagi sur Twitter à l'information de ce 19 juillet : «Des dîners "professionnels" dont Madame Rugy a confirmé dans un entretien enregistré le caractère "amical" des invités, que François de Rugy qualifie d’"informels" et dont plusieurs convives ([exemple : Jean-Michel] Aphatie) ont réfuté l’aspect professionnel... La blague.»
Fabrice Arfi a également ironisé sur l'indépendance de l'enquête de l'Assemblée nationale, composée majoritairement des députés de la majorité présidentielle : «Si l’Assemblée nationale a enquêté sur Rugy comme elle a enquêté sur Benalla, on sait à quoi s’en tenir...»
Le ministre avait ensuite qualifié de «mensonge» une information, parue le 12 juillet dans Le Parisien, selon laquelle son épouse avait acheté avec l'argent de l'Assemblée un sèche-cheveux doré à la feuille d'or, pour 499 euros.
«Le sèche-cheveux n'est pas plaqué or, il a été laissé à Lassay», a précisé la source interrogée par l'AFP, concluant: «Le rapport est en cours d'écriture. La confirmation est en cours.»
Une autre enquête, lancée par Matignon concernant des travaux dans le logement de fonction du ministre, doit également rendre ses conclusions le 23 juillet.