L’élection, le 3 juillet, du socialiste David Sassoli à la tête du Parlement européen a passablement irrité les représentants du Rassemblement National. Alors que La République en marche (LREM) et Les Républicains (LR) avaient joué l’opposition durant la campagne des élections européennes, certains se sont étonnés de les voir tous deux apporter leur soutien à la candidature de l’ancien présentateur télé italien.
Sur Twitter, Jordan Bardella, tête de liste RN durant les européennes a déclaré : «Le nouveau président socialiste du Parlement européen, David Sassoli, est élu avec le soutien des eurodéputés du PPE (LR) et de LaREM. On l'avait dit, on en a maintenant la preuve : l'opposition entre les Républicains et En Marche pendant la campagne n'était que du THÉÂTRE !»
Mais il est loin d’être le seul dans les rangs du RN à fustiger cette alliance de circonstance. «Le président du PPE se réjoui dans sa première prise de parole de l’élection du socialiste Sassoli Cette complicité si visible si assumée ici est une telle trahison aux promesses de la liste François-Xavier Bellamy. J’ai honte pour eux, une telle absence de convictions est proprement indigne», s’est alarmé Jérôme Rivière, également député européen du RN, toujours sur le réseau social.
Les institutions européennes, lieu de consensus
Ce type d’alliance, en apparence contre-nature, est en réalité une donnée récurrente au sein des institutions européennes. En effet, la candidature de David Sassoli était soutenue par LREM, qui avait pour mission de ne se mettre à dos ni le PPE (la droite) ni le PSE (les sociaux-démocrates) et ainsi d’arriver à créer une coalition politique formée du PPE, du PSE et des Libéraux. C’est finalement chose faite puisque, pour accompagner David Sassoli et Josep Borrell, nouveau chef de la diplomatie européenne, tous deux issus des rangs socialistes, deux personnalités du PPE ont également été choisies : Christine Lagarde pour diriger la BCE et Ursula von der Leyen, fidèle d’Angela Merkel, pour présider la Commission européenne. Ce quatuor est complété par le Premier ministre belge Charles Michel, qui représentera les Libéraux, favorables à la ligne politique prônée, par exemple, par Emmanuel Macron.
Autre fait notable : le PPE n’avait présenté aucun candidat pour prendre la tête du Parlement. Et ce après avoir vu la répartition des postes décidée par les dirigeants des 28 à Bruxelles, qui semblait lui convenir. Si, en France, on est finalement peu, ou pas du tout, coutumiers du consensus propre à établir des coalitions, les institutions de l’Union européenne reposent sur ce type d’alliances et d’équilibres. Ces arrangements sont donc vus, depuis l’Hexagone, comme des manœuvres politiciennes outrepassant les mandats pour lesquels les députés européens ont été élus.
Résultat ? Un risque de s’aliéner ses électeurs et de créer chez eux une certaine frustration. Thierry Mariani, député européen RN, l’a très bien compris. «Donc, le nouveau [président] du Parlement européen sera un socialiste. Il sera élu avec le soutien des socialistes, de la «droite» et des libéraux. Comme je le disais pendant campagne, voter Bellamy, Loiseau ou Glucksmann finira dans la même alliance», a-t-il expliqué sur Twitter, accompagnant son message du hashtag «Arnaque».
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