Le 26 juin, le soulagement était grand pour les trois activistes du mouvement écologiste ANV-COP 21, jugés pour des décrochages de portraits d'Emmanuel Macron de la mairie de Kolbsheim (Alsace), en mars dernier. Ils étaient également poursuivis pour refus de prélèvement d'ADN. Le juge n'a pas pris en compte les réquisitions du procureur qui réclamait des amendes avec sursis.
«Il y a eu un jugement direct de relaxe pour le vol en réunion et une dispense de peine pour le prélèvement ADN. C'est une grosse surprise, une très bonne nouvelle. Le juge a bien pris en compte que c’était une action civique pour alerter l'opinion publique», se réjouit Marion Esnault, la porte-parole du mouvement, interviewée par RT France. ANV-COP 21 est à l'orgine de cette campagne de décrochage de portraits présidentiels depuis le 21 février 2019. Le but d'une telle action est de dénoncer «l’inaction du gouvernement concernant le climat et la justice sociale».
Cette initiative a été lancée à la suite de la réponse d'Emmanuel Macron à l'Affaire du siècle. Pour rappel, il s'agissait de quatre associations environnementales qui menaçaient l'Etat d'un recours en justice si la France ne respectait pas ses engagements sur l'accord de Paris. «Nous avons trouvé inacceptable que le gouvernement fasse savoir qu'il ne changerait pas de cap sur le climat», explique la porte-parole. «Le jugement de Strasbourg tombe bien puisque le Haut Conseil pour le climat vient de publier son rapport à savoir que le gouvernement n’a pas atteint ses objectifs par manque d’ambition, et il ne met pas assez de mesures en place : cela corrobore ce qu’on dénonce», ajoute-t-elle.
A ce jour, en quatre mois, les activistes ont réquisitionné 71 portraits présidentiels dans des mairies réparties dans toute la France. Quatre-vingt-dix-neuf personnes ont été auditionnées et 61 ont été placées en garde à vue. Dix procès sont en attente : certaines plaintes ont été déposées par le procureur de la République, d'autres par les maires.
Dans l'arsenal des moyens déployés, on voit bien que le gouvernement suit les événements de près
«Une circulaire de la gendarmerie a été diffusée, qui explique que ces actions devaient faire l'objet d'enquête. Le bureau de lutte antiterrorisme a même été saisi. Quatre ministres ont réagi aux premiers décrochages. Depuis, ils ne s’expriment plus mais dans l'arsenal des moyens déployés, on voit bien que le gouvernement suit les événements de près», explique Marion Esnault. Et la militante d'évoquer le premier procès à Bourg-en-Bresse, qui a valu à cinq militants 500 euros d'amende avec sursis, et pour un sixième prévenu, qui avait des antécédents judiciaires, 250 euros ferme. Mais le parquet, qui attendait des peines plus sévères, a fait appel.
L'action se poursuit
Les tracas judiciaires ne viennent toutefois pas à bout de la détermination des militants. «Ces procès ne nous font pas peur, c’est une occasion de plus d'alerter l'opinion publique. Certains d'entre nous ont fait 26 heures de garde à vue, on les a menottés. Des perquisitions d'activistes ont eu lieu très tôt le matin, devant leurs enfants. Dans certains cas, la garde à vue s'est passée de manière bienveillante, mais dans d'autres, les moyens déployés étaient très intimidants. Mais nous sommes plus déterminés que jamais», prévient Marion Esnault.
En effet, le même jour, des décrocheurs s'activaient ailleurs en France, à Grenoble, à Saint-Nazaire-les-Eymes, à Poitiers, dans le Val de Marne et à Paris. L'humoriste Guillaume Meurice a même participé à l'action dans la capitale. «Nous lançons une seconde campagne de décrochage de portraits. Notre objectif est d'atteindre 125 d’ici au G7», conclut la porte-parole d'ANV-COP 21.