Un nouveau plan de lutte contre le trafic du crack (dérivé de cocaïne purifiée qui se fume) à Paris a été signé le 27 mai, notamment par la Ville et la préfecture de police. Avec pour intitulé «Accompagner les usagers», ce train de mesures prévoit entre autres de renforcer les places d'hébergement, ou encore de créer un groupe d'enquêteurs.
Les autorités veulent en effet endiguer ce fléau, et plus particulièrement dans le nord-est de la capitale. Dans le secteur de la désormais tristement célèbre «colline du crack», près de la porte de la Chapelle et en bordure du périphérique parisien, cette drogue particulièrement addictive et toxique fait des ravages. Selon l'AFP qui cite l'adjointe en charge de la santé à la mairie de Paris, Anne Souyris (EELV), six consommateurs sont morts dans les environs de cette «colline», où crise migratoire et problème de toxicomanie se cumulent.
Installation d'équipements sanitaires, hébergement et accompagnement des usagers de crack
Dans ce secteur sinistré, le plan annoncé le 27 mai devrait permettre, entre autres, l'ouverture d'un espace de repos en container qui offrira douche, WC et sanitaires. «Dormir quelques heures, ça espace les prises de fait», explique Anne Souyris, dans l'espoir que les accueils de jours contribueront à casser la dépendance des consommateurs de crack.
Il est également prévu d'ouvrir 60 places de mise à l'abri – à l'hôtel – ainsi que la pérennisation de 80 places d'hébergement. Avec l'aide d'associations, les maraudes dans la rue ou les rames de métro seront renforcées. Une équipe sera dédiée à la médiation avec les riverains, qui subissent de plein fouet le phénomène.
En octobre 2018, le maire de Paris Anne Hidalgo avait déjà annoncé le déblocage, avec l'Agence régionale de santé (ARS), d'un million d'euros afin de prendre en charge des toxicomanes. Le nombre de maraudes des associations a été augmenté, de même que le financement de lieux d'hébergement spécifiques.
En tout, 3 millions d'euros sont mis sur la table en 2019 pour financer la lutte anti-crack. Ce nouveau plan sera déployé jusqu'en 2021.
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Des lieux de repos, et non de consommation, mais avec une certaine «tolérance»
Mais la polémique enfle quant à savoir si ces lieux de repos pourraient devenir des lieux de consommation de drogue. «Il n'en est pas question», martèle Emmanuel Grégoire, premier adjoint au maire de Paris. Et d'insister sur le fait que ces lieux étaient avant tout «des lieux d'accueil bienveillants». Toutefois, une «zone de tolérance», d'après l'AFP, pour fumer du crack autour de certains lieux de repos avec une présence plus souple de la police est envisagée, selon plusieurs sources. Les préfectures de police et de région, ainsi que la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) sont d'ailleurs associées à ce plan.