France

Générosité pour Notre-Dame : des Gilets jaunes et LFI conspuent ces millions venus de grands patrons

Plusieurs partis ou Gilets jaunes dénoncent «l'opération de communication» de grandes fortunes qui ont annoncé des dons importants pour la reconstruction de Notre-Dame de Paris. Certains leur demandent autant de générosité face à «l'urgence sociale.»

Quand le milliardaire François-Henri Pinault a annoncé un don de 100 millions d'euros pour la restauration de Notre-Dame de Paris dans la nuit du 15 au 16 avril, les familles Arnault ou Bettencourt-Meyers, elles, ont promis un geste à hauteur de 200 millions d'euros. A la tête des multinationales Kering, LVMH et L'Oréal, ces grandes fortunes n'ont pas été épargnées par les critiques et ce, malgré l'émotion nationale qu'a suscité la destruction partielle de la cathédrale de Paris.

Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez a ainsi critiqué sur France info le 17 avril, l'attitude de ces dirigeants  : «S'ils sont capables de donner des dizaines de millions pour reconstruire Notre-Dame, qu'ils arrêtent de nous dire qu'il n'y a pas d'argent pour satisfaire l'urgence sociale.»

«400 millions pour Notre-Dame, merci Kering, Total et LVMH pour votre générosité : nous sommes très attachés au lieu des funérailles de l'abbé Pierre», a tweeté le même jour la Fondation Abbé Pierre, en poursuivant : «Mais nous sommes également très attachés à son combat. Si vous pouviez abonder 1% pour les démunis, nous serions comblés.»

Dans une vidéo publiée sur Facebook, l'ex-figure des Gilets jaunes Ingrid Levavasseur s'est scandalisée : «il y a des millions d'euros qui sont débloqués en une seule nuit. Qu'est-ce que ça veut dire ? Où va la France ? [...] Et on n'est pas foutu de débloquer des millions pour aider les autres, [pour] la solidarité ! Ce pognon de dingue, ils ne sont pas foutus de le mettre [pour] des gens qui souffrent au quotidien ?». Sur BFM TV, elle a également dénoncé «l’inertie des grands groupes face à la misère sociale».

«On ne peut pas faire de la préservation de notre patrimoine une grande opération de communication comme certains sont en train de faire», a accusé, pour sa part, le 17 avril sur LCI Manon Aubry. La tête de liste pour La France insoumise (LFI) aux élections européennes, dénonçant «une espèce de course à l'échalote de l'entreprise qui donnerait le plus, tout en revendiquant l'exonération d'impôt».

«J'ai impression d'avoir le classement des entreprises présentes et des personnes présentes dans les paradis fiscaux», a-t-elle ironisé.

«Le plus simple, ce serait déjà qu'ils commencent par payer leurs impôts, ils ne peuvent pas se payer une opération de communication en mettant leur nom potentiellement sur une pierre de Notre-Dame et de l'autre côté, ne pas payer leurs impôts», a-t-elle conclu.

Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé le 17 avril des exonérations supplémentaires pour les particuliers jusqu'à 1 000 euros tandis que «les entreprises bénéficieront des réductions d'impôts, dites de mécénat, dans les conditions actuelles».

Depuis une loi de 2003, les entreprises qui investissent dans la culture peuvent déduire 60% de leurs dépenses en faveur du mécénat (66% de réduction d'impôt sur le revenu pour les particuliers).

Le député LFI Eric Coquerel a vu «une charité si bien ordonnée qu’elle est en réalité accordée sur le dos de la nation».

Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français, a dénoncé les «multiples cadeaux fiscaux» dont bénéficient déjà «les nantis de la République»: «suppression de l’ISF, dividendes croissants non taxés (57,4 milliards d’euros), fonds publics détournés de leur finalité (CICE, CIR,…), niches fiscales optimisées… La décence exige qu'ils renoncent à cette opportunité fiscale.»

Benjamin Cauchy, figure des Gilets jaunes sur la liste de Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) pour les élections européennes a pour sa part tweeté : «Que l'oligarchie donne pour Notre-Dame, c'est bien. L'exemplarité fiscale serait encore mieux. La bonne conscience ne cache pas la misère et l'austérité.»

Le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a lui salué «une formidable mobilisation pour Notre-Dame-de-Paris». «Mais fau[drait] une mobilisation supérieure pour ces familles qui ont du mal à finir leurs mois, qui forment une cathédrale humaine et pour protéger notre environnement qui est notre patrimoine que nous savons en péril», a-t-il dit.

Le premier vice-président du parti Les Républicains (LR) Guillaume Peltier a balayé la polémique d'un revers de main : «Si on pouvait dans ces moments importants cesser les vaines querelles. On a besoin de tout le monde.»

Le maire LR de Nice Christian Estrosi a également pris la défense, sur Cnews, des grands donateurs. «Je ne veux pas qu'on montre du doigt les grands, comme certains le font, car vous noterez que les grands, ce sont aussi des capitaines d'industrie, des chefs d'entreprises, des créateurs de milliers d'emplois dans notre pays», a-t-il plaidé.

Face à la polémique, la famille Pinault a annoncé dans un communiqué renoncer à sa réduction d'impôt.

Les contributions ont afflué en masse, d'Apple à la Banque centrale européenne (BCE) en passant par des milliers d'anonymes, les dons dépassent les 800 millions d'euros le 17 avril.

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