Son nom n'avait pas tardé à sortir dans l'affaire des violences du 1er mai 2018 place de la Contrescarpe à Paris : Vincent Crase, ancien collaborateur de l'Elysée et second couteau de l'affaire Benalla est sorti de son silence le 3 avril en accordant une interview au journal Le Parisien. Il annonce également la sortie de son ouvrage Présumé coupable aux éditions Plon ce 4 avril.
Dans cet entretien fleuve, le gendarme réserviste qui fut salarié d'En marche avant de suivre Alexandre Benalla à l'Elysée revient sur cette affaire qu'il se refuse à qualifier d'«affaire d'Etat» en minimisant les faits qui lui sont reprochés : «Ce n’est pas le Rainbow Warrior ! On est juste deux types qui, croyant bien faire, ont dérapé devant quelqu’un qui filmait. Je n’ai même pas mis une claque ! [...] Les deux de la Contrescarpe [le couple qui a été violemment interpellé par Alexandre Benalla], on ne peut plus dire que ce sont des amoureux qui allaient manger une crêpe. Ils ont été condamnés ! Comme si l’Elysée nous avait envoyés casser de l’opposant, c’est du délire… C’est une histoire ridicule qui a pris des proportions folles. Benalla a été un défouloir.»
Quand je vois que Sibeth Ndiaye est porte-parole du gouvernement, il va y avoir des clashs avec les journalistes !
Vincent Crase défend également Emmanuel Macron en estimant : «Il est hyper talentueux, en avance sur son temps, ou alors ce sont les Français qui sont en retard. La déconnexion vient de là.» Cependant, il semble moins dithyrambique à l'endroit du parti présidentiel : «Pendant la campagne, c’était une machine à gagner. Après, c’était du grand n’importe quoi. Ça ressemblait plus à une start-up ou une entreprise qui vend des logiciels qu’à un parti politique, avec babyfoot et distributeur de boissons bios. A la com’, ils avaient des sacs de Lego ! Ils sont tous dans la quatrième dimension, pas dans le réel», commente-t-il à propos d'En marche !.
Pourquoi Alexandre Benalla était-il si important pour Emmanuel Macron ?
Concernant l'entourage du président, il précise : «J’ai l’impression qu’il est de plus en plus seul. Ça manque de poids lourds, de vieux renards de la politique. Quand je vois que Sibeth Ndiaye est porte-parole du gouvernement, je l’aime beaucoup, mais il va y avoir des clashs avec les journalistes !»
Interrogé sur un flottement au sommet de l'Etat après le 1er mai, en rapport avec l'affaire de la Contrescarpe, il lâche : «J’ai l’impression que tous savaient et qu’ils se sont refilés la patate chaude. S’il y avait eu une sanction directe, ferme, définitive, il n’y aurait pas eu d’affaire Benalla. Ils ont pataugé dans la semoule.»
Benalla, c’était une courroie de transmission très importante au Château
Concernant Alexandre Benalla, son ami dresse finalement un portrait assez convenu du personnage : «C’est étrange. J’étais son chef quand je l’ai connu, il m’appelait "Mon capitaine". Il avait 17 ans, il était tout sec, avec la mâchoire cassée. C’est un Bibendum maintenant, avec des bras et une bedaine… Resto et muscu ! [...] Il est attiré par les objets du pouvoir. C’est un petit gars qui vient de nulle part, avec une enfance compliquée. Il a parfois une maturité extrême. Et parfois, c’est encore un gamin dans sa tête.» Et d'ajouter la raison pour laquelle, selon lui, Alexandre Benalla était si cher au président de la République : «Alexandre était capable d’organiser très vite un dîner au restaurant en absolue sécurité, sans les gyrophares, etc. Un président et son épouse ont le droit de souffler. Benalla, c’était une courroie de transmission très importante au Château. [...] Emmanuel Macron savait qu’il pouvait se reposer sur Alexandre.»