Matignon et Beauvau reconnaissent volontiers des «dysfonctionnements» dans le maintien de l'ordre après l'acte 18 des Gilets jaunes au cours duquel l'avenue des Champs-Elysées à Paris a subi des dégradations conséquentes. Ce 18 mars, Edouard Philippe est reçu par le président de la République au Palais de l'Elysée, en compagnie du duo de Beauvau, Christophe Castaner et Laurent Nunez, ainsi que le garde des Sceaux, Nicole Belloubet. Sur RTL, le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur a reconnu «un échec» ce 18 mars.
Matignon a fait savoir que le Premier ministre ferait «ses propositions d'adaptation au président [...] pour renforcer la doctrine d'emploi des forces de l'ordre» et «s'assurer à tout moment de la fermeté de son exécution.» Selon l'évaluation de l'AFP, «l'indignation est générale après les images de pillages et d'incendie du restaurant Fouquet's, de magasins ou d'une succursale bancaire des Champs-Elysées, vitrine de la France à l'étranger, qui ont tourné en boucle dans les médias.»
L'agence de presse estime également que ces vidéos violentes sont «dévastatrices pour l'image de l'exécutif» et précise : «D'autant que certains médias les juxtaposaient à celles du chef de l'Etat en weekend de ski à La Mongie et à celles du ministre de l'Intérieur embrassant une jeune femme lors d'une soirée dans une discothèque parisienne la semaine précédente.»
RTL assure ce 18 mars que «des têtes vont tomber» et spécule que le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, serait sur la sellette. Ce dernier était déjà ébranlé dans sa fonction depuis l'affaire Benalla, il a également été séparé de son directeur de l'ordre public et de la circulation (DOPC) Alain Gibelin, démis de ses fonctions par arrêté présidentiel le 15 mars après que des révélations avaient été faites sur son état de santé par un journaliste du Point le 30 janvier. Le journaliste Aziz Zemouri avait révélé que le DOPC avait été hospitalisé suite à un «burn-out avec complication médicale».
Par ailleurs, l'opposition étrille l'exécutif après l'acte 18 des Gilets jaunes, à l'instar de François-Xavier Bellamy, tête de liste Les Républicains (LR) pour les élections européennes et qui a dénoncé une forme de «laxisme sécuritaire» de la part du gouvernement, tandis que Xavier Bertrand (ex-LR) s'est interrogé : «Pourquoi les forces de l’ordre ne sont pas intervenues, quelles consignes ont été données ?»
La gauche dénonce pour sa part une solution uniquement sécuritaire qui ne suffira pas à éteindre la crise, selon les informations de l'AFP. C'est le cas du premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, qui a estimé que le gouvernement était entré «dans une logique sécuritaire» qui «permet d'esquiver un autre débat, le débat social.»
Certains Gilets jaunes ont quant à eux fait part de leur intention d'organiser d'autres actions dans les semaines à venir. Selon un sondage Opinionway paru réalisé avant l'acte 18 samedi, le mouvement est toujours appuyé par 49% des Français contre 48% qui ne le soutiennent plus.
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