France

La République en marche a-t-elle propagé des «fake news» sur les Gilets jaunes ? (VIDEO)

Depuis le début de la mobilisation des Gilets jaunes, l'exécutif et la majorité présidentielle ont tenté de disqualifier les manifestants. Pour le journaliste Laurent Dauré, le pouvoir n'a pas hésité à propager des fausses informations à ces fins.

La notion de «fake news», apparue en 2016 aux Etats-Unis, et consacrée par l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron à l'hiver 2017, s'est définitivement imposée dans le débat. Le 4 mars dernier, le président de la République a encore martelé son intention de lutter contre la «manipulation de l'information». Mais le gouvernement est-il vraiment irréprochable quand on évoque la diffusion de «fake news» ? Invité sur le plateau de RT France, Laurent Dauré, journaliste au mensuel Ruptures, est revenu sur son enquête intitulée «12 fake news macronistes sur les Gilets jaunes», dont il a publié la deuxième partie sur le site Les crises ce 11 mars.

C'était une façon de faire peur

«Le pouvoir a beaucoup de travail à faire de son côté pour balayer devant sa propre porte», a-t-il jugé, rappelant que les Gilets jaunes avaient été, tour à tour, accusés d'homophobie, de racisme ou encore d'antisémitisme. «C'était une façon de faire peur, vis à vis de leurs soutiens, du peuple français en général, en les dénigrant de la façon la plus odieuse possible», a-t-il analysé, faisant référence au qualificatif de «peste brune» employé le 25 novembre 2018 par le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin. Et Laurent Dauré de s'interroger : «A partir de quelle proportion, par exemple, d'antisémites dans les Gilets jaunes peut-on considérer que le mouvement est antisémite ?». «Il s'agit de désamorcer, d'empêcher que ce mouvement prenne de l'ampleur, en le noircissant au maximum aux yeux des Français», conclut-il.

Le long des deux volets rassemblant le résultat de ses recherches, Laurent Dauré a recensé plusieurs accusations visant le mouvement des Gilets jaunes, émanant notamment de l'exécutif. Le journaliste relève ainsi, entre autres, les tentatives de disqualification des manifestants par assimilation à l'extrême droite. «Sur Paris, on voit une évolution, à l’appel de Marine Le Pen, qui avait invité les manifestants à venir sur les Champs-Elysées. Effectivement, près de 5 000 personnes sont mobilisées», affirme le 24 novembre, en plein acte 2, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, ressuscitant pour l'occasion les vocables «factieux» et «séditieux». «Mais ce que l’on constate, c’est qu’aujourd’hui, l’ultra droite s’est mobilisée», ajoute-t-il.

Les Gilets jaunes, des «séditieux» de l'«ultra droite» ? Pas seulement, à en croire certains journaux comme La Croix, qui titre en décembre 2018 que «des comptes russes attisent les braises sur Twitter». Des affirmations largement relayées, note Laurent Dauré, par le compte Twitter de soutien à Emmanuel Macron, d'abord dénommé, à propos, «Team Macron», mais qui a préféré changer en février pour un «Team Progressistes» un peu moins connoté. Autre «fake news», parmi les 12 que Laurent Dauré aura retenues jusqu'ici, une autre accusation d'ingérence étrangère. De l'Italie, cette fois, d'après Marlène Schiappa, la secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes.

Ingérence supposée russe... puis italienne

Sur France Inter, celle-ci expliquait le 10 janvier 2019 pourquoi elle souhaitait connaître l'identité des donateurs de la cagnotte Leetchi consacrée à l'ex-boxeur Christophe Dettinger, accusé de violences sur les forces de l'ordre lors de l'acte 8 des Gilets jaunes. «Je ne demande pas un tableur Excel avec les noms des donateurs de la cagnotte de Leetchi, ça ne me concerne en rien. La question que j'ai posée c'est : qui finance les casseurs ? Des puissances étrangères ? La question n'est pas incongrue, eu égard aux positions de responsables italiens», avait lancé Marlène Schiappa. «C’est une attitude typiquement conspirationniste», estime Laurent Dauré, notant que la secretaire d'Etat n'avait, selon lui, «pas le début du commencement de la moindre preuve concernant une participation de Rome à la cagnotte».

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