Jean-Luc Mélenchon a répondu le 10 mars au texte d'Emmanuel Macron «Pour une Renaissance européenne», publié dans des journaux des 28 pays de l'Union européenne, avec sa propre tribune. Intitulée «Sortez des traités, stupides !», celle-ci a été publiée dans Libération.
Le principal chef de file de l'opposition de gauche y étrille les ambitions européennes développées par Emmanuel Macron, qualifiées dès les premières lignes de «pluie de poncifs, torrents de reprises éculées et [...] paranoïa russophobe».
«Justice sociale et ambition écologique imposent de quitter l'ordolibéralisme défendu par Emmanuel Macron dans sa lettre aux Européens», lance en préambule l'insoumis.
Le «couple franco-allemand» dans le viseur
Le député propose entre autres de sortir des «traités qui organisent l’UE», accusés d'être à l'origine de toutes les «misères écologiques et sociales» subies par les citoyens des pays européens. Jean-Luc Mélenchon les accusent d'avoir «figé toutes les politiques économiques dans le dogme absurde de l’ordolibéralisme et de l’atlantisme chers aux gouvernements de la droite et des socialistes que dirige Mme Merkel».
Plus bas, l'insoumis revient à la charge contre le «couple franco-allemand», qualifié de «condominium prétentieux contrôlé par [le parti d'Angela Merkel,] la CDU».
«Il humilie les vingt-six autres Etats. Il isole les Français de leurs parents naturels au Sud», termine le député, pour qui les politiques d'Emmanuel Macron et d'Angela Merkel «incarnent les vieilles recettes stupides et morbides».
Les accords de libre-échange avec le Canada et le Japon en prennent aussi pour leur grade dans ce texte incendiaire. Le président est accusé de s'être contredit : «En début de mandat, il disait ne plus vouloir d’accords de libre-échange s’ils ne respectent pas les accords de la COP 21».
Les «partenaires naturels» russes
L'OTAN est fustigée dans le texte du député, qui l'accuse de participer à la montée des tensions avec la Russie. Quant à Emmanuel Macron : «Sa phobie antirusse le fait rôder aux frontières de la guerre». «Macron est devenu dangereux», lance par ailleurs le député des Bouches-du-Rhône.
«Le risque est là en Europe depuis l’annonce par les Etats-Unis de l’installation en Pologne de missiles tournés vers la Russie. Vladimir Poutine annonce une réplique», explique-t-il ensuite, considérant qu'il est «urgent de s’extraire de cette escalade en prenant notre indépendance d’avec l’OTAN».
«Ce sont des partenaires naturels», conclut l'insoumis pour qui la démocratie est «plutôt» menacée par la «tyrannie de la finance».
Plaidoyer pour les Gilets jaunes
Dans une autre partie du texte, Jean-Luc Mélenchon évoque la demande du Haut-commissariat des Nations unies d'une «enquête approfondie» sur l'usage excessif de la force dans la gestion de la crise des Gilets jaunes par les pouvoirs publics.
«Il [Emmanuel Macron] s’en indigne comme si ce n’était rien que 12 morts, 2 000 blessés, 22 éborgnés, 5 mains arrachées, 8 000 gardes à vue, 1 500 condamnations en comparution immédiate», s'indigne l'élu de gauche pour qui les «pauvres vies» de ces personnes ont été «saccagées pour avoir réclamé leur part de soleil dans l’existence».
Quant à la question migratoire, le président est accusé de «duplicité» et d'adhérer à «l’illusion meurtrière d’une Europe forteresse qui se protégerait des réfugiés par la noyade en Méditerranée». Le fait que le Premier ministre hongrois Viktor Orban ait accueilli favorablement la tribune d'Emmanuel Macron représente pour l'insoumis une raison pour laquelle ce texte devrait «inquiéter les Français». L'homme politique plaide au contraire pour une politique contre les «guerres, [le] changement climatique [et le] pillage économique», qui poussent selon lui à des «exils forcés».
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