France

Qu'est-ce que la co-présidence franco-allemande du Conseil de sécurité de l'ONU ?

La représentation permanente de la France auprès des Nations Unies à New York a annoncé que la France et l’Allemagne mèneraient une co-présidence en mars et avril au Conseil de sécurité, suscitant colère et incompréhension. Que signifie-t-elle ?

La France, chargée de la présidence du Conseil de sécurité en mars, et l'Allemagne, qui devait prendre sa tête en avril, ont décidé d’unir leurs forces durant ces deux mois. Les deux pays exerceront alors une présidence conjointe qualifiée d’«historique» par la représentation permanente de la France auprès des Nations unies à New York, qui l’a annoncé sur ses réseaux sociaux.

Si le tweet publié le 1er février en anglais a plutôt déclenché l'enthousiasme des internautes, sa version française, disparue depuis, a provoqué une salve de tweets incrédules ou furieux.

La journaliste Natacha Polony, inquiète, a demandé des précisions, liant cette annonce au traité de coopération d'Aix-la-Chapelle, signé le 22 janvier par la chancelière allemande et le président français. L'esprit de ce document qui avait généré la prolifération de nombreuses «fake news» alarmistes dévoile l'intention d'une facilitation de la coopération économique et militaire entre les deux pays, de reprendre la main en tandem sur les décisions prises sein de l'Union européenne, et de fournir un marchepied à l'Allemagne pour obtenir une place permanente au Conseil de sécurité de l'ONU.

Dans les dispositions de l'article 8, le renforcement de la coopération entre la France et l'Allemagne est annoncé en ces termes : «Dans le cadre de la Charte des Nations Unies, les deux États coopéreront étroitement au sein de tous les organes de l’Organisation des Nations Unies. Ils coordonneront étroitement leurs positions, dans le cadre d’un effort plus large de concertation entre les États membres de l’Union européenne siégeant au Conseil de sécurité des Nations Unies et dans le respect des positions et des intérêts de l’Union européenne.»

Si d'aucuns se sont imaginé que cette nouvelle concernait un partage du siège permanent de la France au sein du Conseil de sécurité, la représentation française à l'ONU a formellement démenti cette théorie, que les statuts du Conseil de sécurité ne permettent pas. Pour le moment, l'Allemagne dispose de son propre siège, mais à titre provisoire, en tant que membre élu.

La représentation permanente de la France à l'ONU a clarifié l'intention des deux pays. Selon elle, il s'agit de mettre à profit leurs deux mois consécutifs de présidence pour co-diriger durant deux mois.

La représentation française souhaite «renforcer [les] positions» des deux pays. Sur Twitter, elle a annoncé les questions prioritaires du «programme de travail» franco-allemand : «Le personnel humanitaire, l’égalité des sexes, le Moyen-Orient, le Mali.»

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