«Nous devons chérir [la] part d'indicible et d'irrationnel qui ne sera dans aucun de nos traités» : contrairement aux apparences, non, Emmanuel Macron ne cherche pas à minimiser l'importance du traité d'Aix-la-Chapelle. Bien au contraire, ce sont les mots de conclusion qu'il a choisis, après avoir défendu, lors d'une intervention retransmise en direct, le texte qu'il était venu signer ce 22 janvier, conjointement avec Angela Merkel.
La part que je ne comprends pas en allemand a un charme romantique que parfois, le français ne m'apporte plus.
Pendant son discours, Emmanuel Macron n'a pas manqué d'opter pour un certain lyrisme alors qu'il exprimait sa vision de l'amitié franco-allemande. «La part que je ne comprends pas en allemand a un charme romantique que parfois, le français ne m'apporte plus», a-t-il déclaré, devant un auditoire pour le moins enthousiaste, après avoir cité Germaine de Staël, romancière du XIXe siècle, entre autres connue pour avoir popularisé en France des œuvres d'auteurs allemands.
Un projet nouveau, sans hégémonie, profondément démocratique, c'est une invention !
Tout au long de son intervention, le chef d'Etat français a multiplié les éloges du projet européen, et notamment du concept de «souveraineté européenne», dont il s'est fait le promoteur depuis sa campagne présidentielle. Evoquant «une Europe qui avance», Emmanuel Macron a également tenu à opposer le projet européen aux «rêves d'empire» que lui associent ses détracteurs. «C'est un projet nouveau, sans hégémonie, profondément démocratique, c'est une invention !», a par exemple affirmé le président de la République, avant d'évoquer «un projet librement consenti [...] où l'un ne décide pas pour l'autre ni pour les autres, mais où tous les membres, constamment, choisissent ensemble pour eux-mêmes».
Signé dans la ville allemande historique d'Aix-la-Chapelle, le traité dit «de coopération et d'intégration franco-allemand» doit venir «compléter» celui dit «de l'Elysée» signé en 1963 entre le général de Gaulle et Konrad Adenauer, qui concrétisa la réconciliation franco-allemande après la guerre. Y figurent notamment la convergence des politiques économique, étrangère et de défense des deux pays, la coopération sur les régions transfrontalières ou encore la création d'une «assemblée parlementaire commune» composée de 100 députés français et allemands. Au sein de l'opposition française, certains déplorent, notamment, un «recul de souveraineté».