«Je dis que ce sont des propos extrêmement graves, extrêmement choquants, ça a un nom, ça s'appelle du racisme, de la discrimination, et venant [du] chef de l'Etat… Je pense que ce n'est pas digne d'un président», s'est insurgée Laurence Léger, avocate de l'ancien boxeur Christophe Dettinger, le 2 février.
Citée par France Info, la femme de loi réagissait à des propos attribués à Emmanuel Macron et rapportés par l'hebdomadaire Le Point. «Le boxeur, la vidéo qu’il fait avant de se rendre, il a été briefé par un avocat d’extrême gauche [...] Ça se voit ! Le type, il n’a pas les mots d’un gitan. Il n’a pas les mots d’un boxeur gitan», aurait affirmé le chef de l'Etat au sujet du «gitan de Massy», placé en détention provisoire pour avoir frappé deux gendarmes lors d'une manifestation des Gilets jaunes, le 5 janvier à Paris.
L'avocate de Christophe Dettinger décèle de lourds sous-entendus dans les mots du président : «Je suis abasourdie et stupéfaite. Qu'est-ce que c'est les mots d'un gitan ? Qu'est-ce que ça suppose comme sous-entendus ? [...] Ça voudrait dire quoi, que les gitans ne parlent pas français, peut-être ? Ou qu'ils le parlent moins bien que les autres ? Ou que les gitans sont moins Français que les autres ou des citoyens de seconde zone ?»
Le bâtonnier de Paris sollicité
Mais plus grave encore, Laurence Léger annonce avoir sollicité le bâtonnier de Paris. Elle voit dans la déclaration d'Emmanuel Macron quelque chose de plus grave car elle estime qu'il s'agit d'«une intervention directe du président de la République qui jette le discrédit sur mon client [...] qui jette le discrédit également sur les avocats.»
«C'est sur la base de cette pièce que le procureur de la République a fondé ses réquisitions pour le placement en détention [de Christophe Dettinger]», poursuit l'avocate, ajoutant : «Je dis que c'est extrêmement problématique et qu'on a, à mon sens, une atteinte indiscutable au principe de séparation des pouvoirs [...] Il y a incontestablement, déjà, dans ce dossier, une volonté politique de faire pression sur les magistrats qui pose problème, et cette pression est forte.»