Depuis que les médias se sont saisi des cas de blessures graves et des mutilations infligées aux manifestants dans le cadre de la mobilisation des Gilets jaunes, les vidéos témoignant d'usage par les forces de l'ordre d'armes dites intermédiaires, parmi lesquelles les grenades de désencerclement, se sont multipliés sur les réseaux. Libération a ainsi passé au crible une vidéo de téléphone portable, tournée à Tours lors du très violent acte 3 le 1er décembre.
Place Jean-Jaurès, un groupe de Gilets jaunes tient le terrain. Rien n'indique alors des intentions belliqueuses parmi les manifestants. Et pourtant, une grenade de type GLI-F4 atterrit au milieu de la foule. L'un d'entre eux, un certain Ayhan P. selon Libération, inconscient d'avoir affaire à une grenade explosive, la ramasse. Il aura la main arrachée.
«L’ambiance n’avait rien à voir avec les manifestations violentes de Paris. J’avais croisé des familles avec de jeunes enfants. C’était calme à cet endroit-là», témoigne l'homme, technicien chez Sanofi et représentant syndical. Et Ayhan P. de raconter au quotidien le moment où il perdrait sa main : «J’étais persuadé que c’était du gaz lacrymogène, sinon je n’y aurais jamais touché. Je l’ai ramassée de la main droite et elle a explosé».
L'utilisation des armes dites «de force intermédiaire» ou encore «sublétales», dont la grenade explosive GLI-F4 contenant du TNT, reste très décriée. La France est le seul pays européen à en autoriser l'usage dans le cadre d'opérations de maintien de l'ordre, malgré les risques de mutilation.
Selon un décompte minutieux, le journaliste et réalisateur David Dufresne a signalé quelque 353 cas de violences, blessures et mutilations depuis le début de la révolte des Gilets jaunes. Au 28 janvier, le bilan provisoire serait ainsi, selon lui, de 159 blessures à la tête, 18 personnes éborgnées et quatre mains arrachées. Si les manifestants constituent le plus gros contingent de blessés et mutilés, David Dufresne a relevé des victimes parmi les lycéens et les passants.
A l'occasion de l'acte 12, prévu pour le samedi 2 février, des Gilets jaunes ont appelé à rendre hommage aux blessés et mutilés, et à dénoncer les violences policières.