France

Des policiers reconnaissent des «actes violents», mais invitent les politiques à endosser l'uniforme

13 personnes ont perdu l'usage d'un œil depuis le début du mouvement des Gilets jaunes. Le DGPN rappelle les modalités d'usage du LBD40 aux policiers. Les effectifs de terrain, qui invitaient déjà les politiques à endosser l'uniforme, apprécieront.

Selon un décompte réalisé par le site Checknews de Libération, 68 personnes ont été blessées par des tirs de lanceur de balle de défense (LBD40, parfois appelé par erreur «Flash-Ball») depuis l’acte 1 des Gilets jaunes, le 17 novembre. Parmi les blessés, 13 personnes ont perdu un œil. Dans ce contexte, Eric Morvan, Directeur général de la police nationale a, selon les informations de FranceInfo, envoyé un télégramme le 15 janvier à ses effectifs pour rappeler les conditions d'utilisation de cette arme non-létale au cours des opérations de maintien de l'ordre.

Le grand patron des policiers fait ainsi savoir aux hommes et femmes en bleu que le lanceur de balle de défense de calibre 40mm «peut être employé lors d'un attroupement [...] en cas de violences [...], à l'encontre des forces de l'ordre [ou] si elles ne peuvent défendre autrement le terrain qu'elles occupent.» Eric Morvan précise que «ces circonstances correspondent aux émeutes urbaines auxquelles les policiers sont actuellement confrontés.»

Les intervalles de distance doivent être respectés

Le directeur estime que «le LBD peut constituer une réponse adaptée pour dissuader ou neutraliser une personne violente et/ou dangereuse.» Mais il demande aussi à ses effectifs «de veiller rigoureusement au respect des conditions opérationnelles» du LBD40 et rappelle que «les intervalles de distance [...] doivent être respectés.»

Toujours sur le thème du mode d'emploi, Eric Morvan rappelle que le LBD40 «ne doit être porteur que d'un seul type de munition [et que] le tireur ne doit viser exclusivement que le torse ainsi que les membres supérieurs ou inférieurs.»

Les associations policières suggèrent que les décideurs viennent sur le terrain

Les membres des forces de l'ordre, qui sont rappelés presque systématiquement chaque samedi depuis le 17 novembre, apprécieront le rappel... A ce titre, certaines organisations policières qui défendent les effectifs de terrain se sont exprimées sur les réseaux sociaux et dans les médias ces dernières semaines.

Le Collectif autonome des policiers d'Ile-de-France (CAP-IDF) a notamment reconnu dans une publication Facebook datée du 13 janvier : «Force est de constater que certains d'entre nous ne se montrent pas exemplaires dans la réponse inappropriée qui est trop souvent apportée pour disperser un groupe considéré comme dangereux. À juste titre, les forces de l'ordre sont suspectées d'actes violents depuis le début du mouvement. Les images qui se succèdent naviguent ici ou là pour nous en apporter les preuves.»

Nous prônons la répression dans les règles. Nous disons également que nos actions doivent être proportionnées et dignes de notre professionnalisme

Le collectif qui se déclare apolitique et asyndical déplore toutefois que les images où leurs «collègues se font dézinguer, assaillir de toutes parts, allumer de tous projectiles, sont plus rares sur les plateaux de nos médias traditionnels et des réseaux sociaux» et ajoute : «Nous prônons la répression dans les règles et les obligations qui sont les nôtres, qui plus est à l'encontre des manifestants violents. Nous disons également que nos actions doivent être proportionnées et dignes de notre professionnalisme.»

Plus taquin, le collectif autonome de policiers propose, dans une autre publication Facebook datée du 11 janvier : «Rien n'empêche les politiques guerriers à endosser les uniformes et se présenter à la tête des troupes qu'ils envoient sans vergogne se frotter aux excités de tout poil. Ça aurait de la gueule !»

Edouard Philippe assure : «Nous répondrons présents», mais ce ne sera pas eux sur le terrain, ce seront les policiers !

Cette suggestion saupoudrée de poil à gratter n'est pas sans rappeler les propos tenus par le porte-parole de l'association policière Union des policiers nationaux indépendants (UPNI), Jean-Pierre Colombies le 8 janvier : «Edouard Philippe assure : "Nous répondrons présents", mais ce ne sera pas eux sur le terrain, ce seront les policiers ! Ce gouvernement ne peut pas se contenter d'une opposition police-citoyenneté, c'est très dangereux.»

Antoine Boitel

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