France

«Je tremble» : Son-Forget répond au tollé soulevé par son tweet sur le «maquillage» de Benbassa

Le chef de file des députés LREM, Gilles Le Gendre, a dénoncé les «propos inadmissibles» de son collègue Joachim Son-Forget, après que celui-ci s'en est pris à l'apparence de la sénatrice EELV Esther Benbassa. Il répond aux critiques de son camp.

«Avec le pot de maquillage que vous vous mettez sur la tête, vous incarnez plus que jamais ce que vous tentez maladroitement de caricaturer» : le député de La République en marche (LREM) Joachim Son-Forget a provoqué un tollé en tweetant ce 23 décembre ces propos adressés à la sénatrice Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) Esther Benbassa.

«Le bureau du groupe parlementaire LREM se désolidarise de notre collègue Joachim Son-Forget à la suite de ses propos inadmissibles contre la sénatrice Esther Benbassa», a fait savoir le patron des députés LREM Gilles Le Gendre, ce 26 décembre sur Twitter. «Aucune controverse politique ne justifie de verser dans le sexisme et la vulgarité», a-t-il ajouté.

Une réaction qui a toutefois été jugée trop molle pour le référent Puy-de-Dôme et délégué national de LREM Guy Lavocat, qui a tweeté : «J'ai mal à ma diversité mais les dérapages de Joachim Son-Forget méritent plus que cette condamnation du bout des lèvres. »

Loin de se laisser décontenancer, Joachim Son-Forget a répliqué aussitôt à Guy Lavocat et ironisé : «Je tremble !»

Cette répartie n'a pas du tout été du goût de la plupart de Marcheurs, à l'image du député LREM de Moselle, Ludovic Mendes. «Quand tu fais ce genre de sortie c’est tous les députés de LREM que tu mets en porte-à-faux», a-t-il averti.

Joachim Son-Forget ne pouvait laisser le dernier mot à l'un de ses collègues, rétorquant à Ludovic Mendes : «La leçon de morale, merci de la conserver pour tes enfants.»

Sollicité par l'AFP sur de possibles sanctions contre le député, Gilles Le Gendre s'est refusé à tout nouveau commentaire. «Ce n'est pas sur la place publique que sera traité, le moment venu, le cas de Joachim Son-Forget par le bureau du groupe», a-t-il dit.

«Il assume pleinement de vouloir faire le buzz, je ne me reconnais absolument pas dans ces méthodes et je n’ai pas envie que les marcheurs s’y reconnaissent», a répondu quant à elle la députée de Paris et porte-parole du parti Laetitia Avia pour Le Parisien. Pour ce même journal, le nouveau chef de LREM Stanislas Guérini a assuré que l'exclusion n'était pas à l'ordre du jour, même si Joachim Son-Forget avait tenu «des propos indignes, qui n’[avaient] rien à voir avec les valeurs d’En marche !». «Et on s’en désolidarise», a-t-il poursuivi. Le Parisien a d'ailleurs affirmé que plusieurs députés macronistes avaient décrit Joachim Son-Forget comme «psychologiquement perturbé». 

«Je n’ai pas d’ordre à recevoir, d’aucun tribunal moral ou inquisiteur»

Celui-ci semble en tout cas assumer ses propos. «Je n’ai pas d’ordre à recevoir, d’aucun tribunal moral ou inquisiteur, ou de quelques collègues qui aujourd'hui me honnissent et demain viendront, mielleux, me demander quelque chose dont ils auront besoin», argumente-t-il pour Le Parisien

De son côté, la sénatrice écologiste Esther Benbassa estime auprès de l'AFP que «l'expression sans complexe d'un tel sexisme, venant d'un parlementaire, après MeToo, a de quoi laisser sans voix».

A l'origine de l'affaire, Esther Benbassa commentait le 22 décembre une déclaration de Brigitte Macron sur les Gilets jaunes : «Brigitte Macron déplore la violence et la vulgarité des Gilets jaunes. Ce n'est donc pas violent, la pauvreté ? Et elle n'est pas vulgaire, l'arrogance aux dents blanches des riches et des puissants ?»

Joachim Son-Forget lui avait alors répondu sur Twitter, la renvoyant à son «pot de maquillage».

Après avoir soulevé un tollé, le parlementaire a estimé sur les réseaux que «la référence au maquillage n'[était] sexiste que dans la tête des sexistes : certains hommes en portent, et la quasi-totalité des hommes politiques en portent sur les plateaux télés où on nous demande un passage au maquillage quasi-systématiquement».

Egalement interrogé par le site d'info-divertissement Kombini et Libération, Joachim Son-Forget a justifié ses déclarations de manière obscure. Au quotidien, il déclare : «Il y a des recettes pour provoquer des buzz. On joue avec les biais perceptifs, en identifiant ce qui va toucher, ce qui va provoquer débat ou discussion, en évoquant de manière subliminale, ou plus exactement préconsciente des émotions. Si j’étais publicitaire, je l’utiliserais pour vendre un produit. Un message qui touche le système limbique, joue avec le circuit de la récompense, laisse un interstice de contre-argumentation facile, pouvant générer un moral outstandinglogical fallacies, biais perceptifs etc.»

Comprendra qui pourra...

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