La manifestation a débuté dans le calme au matin de ce 15 décembre aux abords des Champs-Elysées et de la place de l'Opéra à Paris. Les reporters de RT France sont allés à la rencontre de Gilets jaunes venus manifester dans la capitale. Même s'ils évoquent des difficultés spécifiques à leur corps de métier, ils convergent pour exiger un meilleur contrôle de la vie politique par les citoyens.
Mauffrey, fonctionnaire à la mairie de Paris, vient manifester contre le gel du point d'indice et pour la hausse des salaires. Il n'a pas été convaincu par le discours du 10 décembre d'Emmanuel Macron qu'il juge «inefficace».
Martin, agriculteur de l'Indre (36) considère qu'il y a une crise de civilisation en France et dans le monde, et que «les gens veulent que le monde change». Il s'est décidé à venir en voyant le sort de Fiorina, la jeune étudiante de 20 ans qui a perdu un œil le 8 décembre en manifestant, après avoir été atteinte par un tir de lanceur de balles de défense ou un débris de grenade lors du rassemblement des Gilets jaunes. «Il n'y a pas de raison que des jeunes aient le courage de venir et que nous, de la génération d'avant, on ne soit pas là, en première ligne, à la place des jeunes», a expliqué Martin au micro de RT France.
Pour cet agriculteur, «il y a un problème de représentativité» dans la vie politique actuelle. «Les citoyens ne se reconnaissent pas dans leurs députés et tout ce qui peut se faire à Paris», assure-t-il. «On voit sur les ronds-points beaucoup de gens qui disent : "On a retrouvé là, la fraternité". Cette fraternité qu'on ne trouve plus dans notre pays parce que tout est mondialisé, globalisé et il n'y a plus de place pour des relations humaines», poursuit le manifestant.
Martin pense qu'il faut que la vie citoyenne «redémarre vraiment de la base» et espère que ce mouvement parti des rond-points de France sera un début pour «recréer un tissu social, politique et économique vraiment local».
Nous dans notre secteur d'activité, l'agriculture, on est abreuvés de taxes, on n'en peut plus
Erwan, agriculteur dans le Cher (18), venu également à Paris manifester en gilet jaune, considère qu'il faut tout remettre à plat, à commencer par les salaires des dirigeants : «Nous, dans notre secteur d'activité, l'agriculture, on est abreuvés de taxes, on n'en peut plus [...] on est en train de crever à la base». Il estime qu'il faut reconsidérer «tout l'argent qui part avec la CMU et autres charges».
Didier, qui a une entreprise de service à la personne, rencontre des difficultés dans son travail depuis que les contrats aidés ont été supprimés. Selon cet entrepreneur, il n’est plus possible de gouverner comme on gouvernait il y a 50 ans. «Il faut absolument une sixième République avec une votation citoyenne et une grande participation des citoyens», affirme-t-il.
L'acte 5 des Gilets jaunes, ce 15 décembre, a débuté dans le calme et a été marqué, selon la préfecture, par une mobilisation en baisse, contrastant avec l'extrême tension des semaines précédentes. On remarque toutefois l'émergence d'une revendication commune avec force slogans et pancartes : la mise en place d'un référendum d'initiative populaire.