France

Effondrements de Marseille : trois élus de la ville louaient des taudis

Thierry Santelli, conseiller municipal Les Républicains et vice-président du département, est le troisième élu marseillais à être épinglé pour avoir loué un appartement dans un immeuble insalubre en pleine crise des évacués de Marseille.

Et de trois ! Après les élus marseillais Les Républicains Xavier Cachard et Bernard Jacquier, le conseiller municipal Thierry Santelli, membre du conseil d'administration de Marseille Habitat, a été pris en flagrant délit de location de taudis. Selon les infos du média Marsactu, il louait un appartement situé rue du Jet d'eau, dans le 3e arrondissement de Marseille, dans un immeuble frappé de péril le 7 décembre.

Selon l'AFP, il a démissionné le 11 décembre de sa fonction de vice-président du Conseil départemental.

«Ça démontre bien qu'un système corrompu est mis en place», explique Kaouther ben Mohamed, membre du collectif 5 novembre, qui vient en aide aux évacués des logements insalubres de Marseille. «Tout le monde demande la tête du maire Jean-Claude Gaudin, mais en réalité, il y a plusieurs responsables à identifier. On va se rendre compte que de nombreux élus sont propriétaires de logements indignes en toute impunité», ajoute-t-elle. 

Ça démontre bien qu'un système corrompu est mis en place

La jeune maman et sa fille de deux ans à qui Thierry Santelli louait l'appartement, selon Marsactu, ont dû être évacuées par les pompiers le 13 novembre, avant qu'un arrêté de péril imminent n'interdise toute occupation de l'immeuble le 7 décembre. Ce document délivré par la mairie de Marseille, concernait les parties communes très endommagées qui feraient passer un baraquement de favela pour une maison bourgeoise : trous, enduits détrempés, gravats, escalier en souffrance laissant passer le jour, champignons... L'arrêté fait mention d'«un risque d’effondrement de la volée d'escalier» et de «linteaux très affectés par des infiltrations d'eau persistantes». Pourtant, l’intéressé dit ne pas comprendre pourquoi il devrait être incriminé. «C'est une affaire qui concerne les parties communes. Un arrêté de péril dans une copropriété ne met pas en cause le propriétaire d'un appartement», argumente-t-il, selon le quotidien La Marseillaise

Dommage tout de même que Thierry Santelli, l'administrateur de Marseille Habitat, une entité publique opérant «sur les copropriétés en difficulté», chargé de «gérer, entretenir et rénover son parc de résidences», ne se soit pas montré plus diligent quant à l'entretien de cet immeuble...

Une série d'élus spécialistes de l'immobilier et propriétaires de taudis

Le second élu épinglé, l’avocat de l’immobilier Bernard Jacquier, était vice-président LR de la métropole en charge de la commande publique et des appels d’offre. Il possédait un studio dans un immeuble du quartier de la Belle-de-Mai évacué en 2017. Son locataire a dû être relogé en urgence. Il l’avait acheté à la faveur d’une adjudication judiciaire en 1986, et continuait à le louer malgré l’insalubrité signalée des parties communes. Sa démission présentée le 17 novembre a été acceptée par Martine Vassal, présidente de la métropole.

Quant au premier élu éclaboussé, Xavier Cachard, délégué aux finances du conseil régional Paca, il était propriétaire d’un appartement dans l’immeuble tristement célèbre du 65 rue d’Aubagne, l'un des deux bâtiments qui se sont effondrés le 5 novembre. Il était aussi l'avocat du syndic de la copropriété, selon Le Monde. Il a été suspendu de «toutes ses délégations» par le président de la région, Renaud Muselier.

Environ 1600 personnes ont été délogées de leurs appartements insalubres au cours d'une vague massive d’évacuations consécutives à l’effondrement des deux immeubles rue d’Aubagne, qui a fait huit morts. Les évacués, épaulés par des collectifs citoyens, errent d’hôtels en hôtels. Ils déplorent le manque d’organisation de la mairie et le peu d’informations qui leur sont communiquées.

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