France

Après le carburant, le gouvernement va-t-il oser augmenter le prix de l'électricité ?

La Commission de régulation de l'énergie (CRE) va prochainement proposer à l'exécutif une forte augmentation du tarif de l'électricité, de l'ordre de 3 à 4 %. Le gouvernement va-t-il suivre ses recommandations ou s'épargner une nouvelle fronde ?

Le prix de l'électricité pourrait faire un bond d'ici peu. Les hasards du calendrier ont fixé à février 2019 l'annonce par le gouvernement d'une décision relative à l'évolution du prix de l’électricité. Le gouvernement va-t-il suivre les recommandations de la commission de régulation de l'énergie (CRE), qui, selon les calculs du magazine L'Opinion, impliqueraient une hausse des prix de 3 à 4% ?

Nous ferons tout pour que cette hausse soit la plus modérée possible

Une nouvelle atteinte au pouvoir d'achat provoquerait des étincelles après la forte contestation initiée par le mouvement des Gilets jaunes, dont des représentants ont déjà évoqué la question auprès du ministre de la transition écologique, François de Rugy. Ce dernier s'est voulu rassurant, s'exprimant en marge du colloque de l'Union française de l'électricité (UFE).«Evidemment nous ferons tout pour que cette hausse soit la plus modérée possible», a-t-il déclaré.

Une annonce à haute tension

Après avoir reçu l'avis du CRE, l'exécutif dispose de trois mois pour trancher. S'il décide d'appliquer le conseil de la commission, la hausse devrait être effective au 1er février, soit un mois après celle du prix des carburants qui enflamme une partie de la France depuis près de trois semaines.

Les tarifs réglementés de vente d'électricité sont calculés en additionnant les coûts de l'énergie, d'acheminement de l'électricité et de commercialisation. Ils sont usuellement réévalués en août, mais un second avis peut intervenir en début d'année. La forte augmentation suggérée par le CRE serait due à l'obligation faite à EDF, depuis 2011, de revendre 25% de sa production nucléaire à ses concurrents à un tarif régulé, en vertu de la loi Nome. Aujourd'hui, la demande des autres opérateurs excède l'offre d'EDF : ils sont donc contraints d’acheter leur électricité à des prix classiques, plus élevés, qui se répercuteraient sur la facture du consommateur. Le seuil de 25% pourrait être relevé, mais les bénéfices d'EDF diminueraient en conséquence, au grand dam des investisseurs.

L'exécutif peut toutefois refuser de suivre les recommandations du CRE afin de préserver le pouvoir d’achat des Français. Lorsqu'en 2014 Ségolène Royal, alors ministre de l'Environnement, avait choisi de ne pas augmenter les tarifs de l’électricité, le piège s'était finalement refermé sur les consommateurs. Le Conseil d'Etat avait annulé la décision de la ministre socialiste et cette augmentation avait été répercutée rétroactivement sur les factures.

La hausse de 0,7% intervenue en février 2018 avait finalement été amortie par une baisse des tarifs de 0,5% cet été. Mais en dix ans, le prix de l'électricité en France a bondi, augmentant de 35%.

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