Dans le contexte de forte exaspération exprimée par le mouvement des Gilets jaunes, Emmanuel Macron s'est adressé publiquement aux Français ce 27 novembre, depuis une salle de conférence du palais présidentiel.
J'éprouve de la compréhension pour ces concitoyens mais je ne céderai à ceux qui veulent la destruction et le désordre.
Commentant le mouvement des Gilets jaunes, le président de la République a constaté qu'il avait donné lieu à «des manifestations importantes et à des violences inacceptables», expliquant par ailleurs : «Je ne confonds pas les casseurs avec les citoyens qui portent un message [...] j'éprouve de la compréhension pour ces concitoyens mais je ne céderai rien à ceux qui veulent la destruction et le désordre.»
A propos de la taxe carbone, Emmanuel Macron a rappelé qu'elle avait été votée, «engageant beaucoup de responsables politiques de sensibilités diverses».
[Certains] disent que ce sont toujours les mêmes qui font les efforts, et ils ont raison.
Le chef d'Etat français a insisté sur une nécessité de garder le cap de la transition écologique et de ne pas opposer «le présent à l'avenir». «J'ai vu les difficultés que la situation entraîne auprès des Français qui roulent beaucoup [...] Ils disent que ce sont toujours les mêmes qui font les efforts, et ils ont raison» a-t-il ajouté.
Chacun doit jouer son rôle, y compris moi.
Emmanuel Macron a poursuivi : «Chacun doit jouer son rôle, y compris moi.»
Ainsi, annonçant sa méthode pour «se désintoxiquer des énergies fossiles», Emmanuel Macron a souligné la nécessité selon lui, de «consommer moins d'énergie». En effet, rappelant que sa stratégie ne pouvait être «de se déplacer moins», il a exprimé son ambition de développer de nouveaux modes de déplacements, expliquant vouloir favoriser le développement des transports en commun ou encore «la montée en puissance du covoiturage».
Par ailleurs, le président de la République a affirmé vouloir faire évoluer les modes de chauffage, et mieux isoler les immeubles : «Des mesures et des moyens sont sur la table : 9 milliards d'euros, dans le cadre du plan d'investissement», a-t-il rappelé.
Nucléaire : la centrale de Fessenheim fermera à l'été 2020
Eolien en mer ou encore production d'énergie hydraulique. Emmanuel Macron a rappelé les différentes pistes de sa méthode de transition écologique. Il a par ailleurs annoncé la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim.
Le président de la République a ajouté qu'outre cette centrale, 14 réacteurs français seraient arrêtés d'ici 2035, dont quatre à six d'ici 2030.
Aujourd'hui nous dépendons totalement des Coréens et des Chinois
Abordant le sujet des véhicules électriques, Emmanuel Macron a expliqué son ambition de développer une autonomie européenne en ce qui concerne la production de batteries : «Aujourd'hui nous dépendons totalement des Coréens et des Chinois, nous devons avoir une stratégie franco-allemande, et si possible une stratégie européenne.»
La fiscalité sur les carburants indexée sur la fluctuations des prix ?
«La transition ne doit pas se faire à n'importe quel prix», a affirmé Emmanuel Macron, avant de poursuivre : «Je ne veux pas que s'installe une France à deux vitesses.» Il a ainsi affirmé que la fiscalité sur les carburants allait s'adapter aux fluctuations des prix.
«Les réponses que nous apportons sont trop abstraites», a-t-il constaté, expliquant vouloir apporter des solutions pragmatiques au plus près du terrain.
Emmanuel Macron a prôné «un agenda de solutions et un agenda de protection» dans les trois mois à venir, estimant que les conséquences de la transition écologique ne devaient pas être traitées à part.
Il a affirmé comprendre ceux qui, face à la transition écologique, tenaient le discours suivant : «Ils évoquent la fin du monde, mais nous on parle de la fin du mois.» Le chef d'Etat a ainsi promis de «traiter les deux».
Les réformes du gouvernement ne sont pas allées «assez vite» ?
Emmanuel Macron s'est montré catégorique sur ses orientations politiques : «La stratégie du gouvernement est la bonne», a-t-il affirmé alors qu'il évoquait la baisse des cotisations sociales salariales grâce à laquelle «tous les travailleurs gagnent plus», ou encore la baisse de la taxe d'habitation. «Mais ça ne va pas assez vite» a-t-il déploré.
Emmanuel Macron a estimé que les contestations d'ordre social remontant aujourd'hui à la surface n'avaient jamais été traitées : «Elles empoisonnent la vie de la nation, il faut évacuer ces poisons».
En amont du discours du président de la République, l'Elysée avait, entre autres, annoncé que le président de la République souhaitait rendre «acceptable et démocratique» pour les citoyens un nouveau cap pour la transition écologique.
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