«48 000 décès par an» à cause de la pollution : le chiffre d'Emmanuel Macron est-il crédible ?
En pleine fronde des Gilets jaunes, pourr expliquer la nécessité supposée d'augmenter les prix à la pompe, le président de la République appuie son argumentaire sur une étude qui a déjà été critiquée il y a plusieurs années par Le Monde.
Emmanuel Macron s'est-il aventuré un peu trop loin ? Sur Twitter, le chef de l'Etat a déclaré que «48 000 décès par an» pouvaient être attribués à la pollution. Selon le site Contrepoing.org, ce chiffre serait pour le moins contestable : «D'où sort ce chiffre de 48 000 morts, ressassé par le monde politique ? Il est tiré d’un rapport de l’agence Santé publique France, sur "L’état de santé de la population en France". Un concept vaste, qui tient aussi bien compte des maladies cardiovasculaires, du diabète, du mode de vie, que de l’inhalation de gaz toxiques.»
Cette hécatombe, c’est 48 000 décès par an, c’est plus que tous les accidents de la route, tous les suicides, tous les meurtres, toutes les noyades, tous les accidents domestiques réunis. pic.twitter.com/PlluDGvfEX
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 27 novembre 2018
L'étude en question pointerait surtout la nocivité du tabac et de l'alcool, de loin les principaux vecteurs de mortalité provoquant cancers et maladies cardiovasculaires. Mais dans cette étude, un autre rapport commandé par la Commission européenne est discuté et il fait simplement état de «48 000 morts prématurées».
Par ailleurs, le journal Le Monde avait déjà épinglé en 2013 les écologistes qui faisaient, selon le quotidien, un usage abusif d'un chiffre similaire de 42 000 morts, se fondant sur une statistique datée de 1997. Et le journal d'opposer : «Aujourd'hui, l'étude la plus récente parle de 2 900 décès dans 9 villes françaises polluées»... Le chiffre du président de la République serait donc en réalité une extrapolation de cette étude vieille d'une vingtaine d'années et n'évoquant que les grandes villes.