Brésil : la victoire de Bolsonaro agite le paysage politique... français !
«Une victoire très inquiétante» pour certains, un «vote sanction» pour d'autres. L'arrivée au pouvoir du nationaliste brésilien Bolsonaro a provoqué de rapides – et nombreuses – réactions au sein du paysage politique français.
Favori du second tour de l'élection présidentielle brésilienne, le candidat du Parti social-libéral (PSL), Jair Bolsonaro, a été élu chef d'Etat ce 28 octobre, l'emportant, avec 55,13 % des suffrages, sur son adversaire de gauche, Fernando Haddad.
Présidentielle brésilienne : au-delà des polémiques, que propose le nationaliste #Bolsonaro ?#Elections#Eleicoes2018#Bresil
— RT France (@RTenfrancais) 5 octobre 2018
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Plus souvent décrié qu'admiré par la presse internationale, le président brésilien élu est fréquemment présenté comme un «Trump tropical». Son arrivée au pouvoir n'a pas tardé à faire réagir différentes personnalités publiques de part et d'autre de l'échiquier politique français.
En premier lieu, Emmanuel Macron a réagi sobrement à l'élection de son homologue brésilien à travers un communiqué de l'Elysée. Un texte dans lequel la présidence française vante «un partenariat stratégique [franco-brésilien] noué autour des valeurs communes de respect et de promotion des principes démocratiques». Le président de la République exprime en outre sa volonté de poursuivre sa «coopération» avec le Brésil.
Emmanuel Macron félicite Jair Bolsonaro pour son élection à la tête du Brésil, mais insiste aussi sur "le respect" des "principes démocratiques"https://t.co/bUulVEoAC2pic.twitter.com/CFc1AKWPym
— franceinfo (@franceinfo) October 29, 2018
«Aucune démocratie n'est à l'abri» vs. «Bonne chance»
D'une façon générale, la majorité de la classe politique française a affiché son irritation après la victoire de Jair Bolsonaro.
Au sein de La République en marche (LREM), les élus n'ont pas caché leurs inquiétudes quant à la sauvegarde de la démocratie.
Aurore Bergé, porte-parole du groupe parlementaire LREM, majoritaire à l'Assemblée nationale, a par exemple estimé qu'«aucune démocratie [n'était] à l'abri», expliquant que «les démocrates [et] les libéraux [avaient] une obligation de résultat»
Aucune démocratie n'est à l'abri.
— Aurore Bergé (@auroreberge) 28 octobre 2018
Les démocrates, les libéraux ont une obligation de résultat.
Nous en sommes conscients et nous sentons au quotidien cette charge qui nous rappelle pourquoi et contre quoi nous avons été élus. @LaREM_AN#Bresil#Bolsonarohttps://t.co/DtMO4oqEMn
Son camarade politique Sacha Houlié, député de la Vienne, a pour sa part déploré «un nouveau recul de l’espace des libertés et de la justice sociale», considérant la situation comme une ensemble «de nouveaux défis pour les progressistes».
Nouveau recul de l’espace des libertés et de la justice sociale. Nouvelle percée des conservateurs. Nouveaux défis pour les progressistes qui devront faire face. #Brazil
— Sacha Houlié (@Sach_He) 28 octobre 2018
Député LREM du Val d'Oise, Aurélien Taché s'est inquiété de l'arrivée au pouvoir de Bolsonaro, attribuant sa victoire à «l’échec d’une gauche populiste au Brésil».
La victoire de #Bolsonaro est très inquiétante. La démocratie c’est aussi le respect de la presse et des minorités. Comment en est on arrivé là? C’est l’échec d’une gauche populiste au Brésil @CNEWS#LaMatinale@GerardLeclerc 📺 @LaREM_AN@enmarchefrpic.twitter.com/Q1Z2C7wXhe
— Aurélien Taché (@Aurelientache) 29 octobre 2018
Chez les socialistes et ses anciens membres actifs, l'indignation vise surtout les traits spécifiques de Jair Bolsonaro.
Ainsi, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, a rappelé les principales caractéristiques, selon lui, du nouveau président élu : «Xénophobe, homophobe, misogyne, admirateur de la dictature, ennemi des médias, amateur des fake news.»
Pensées pour tous nos amis brésiliens qui voient l’élection d’un xenophobe, homophobe, mysogine, admirateur de la dictature, ennemi des médias, amateur des fake news... La nuit vient de tomber. Nous serons là pour vous aider à préparer un nouveau jour. #Brésil
— Olivier Faure (@faureolivier) 28 octobre 2018
Candidat malheureux à la présidentielle française de 2017 et fondateur du mouvement politique Generation.s, Benoît Hamon a de son côté, également déploré que le Brésil ait choisi «un chef autoritaire, sexiste, homophobe,raciste et ni[ant] le réchauffement climatique».
Le Brésil vent de voter. Il s'est choisi un chef autoritaire, sexiste, homophobe,raciste et nie le réchauffement climatique. Les portes se ferment sur la démocratie et les libertés. La gauche écologiste mondiale doit se lever, résister et conquérir les cœurs et les consciences.
— Benoît Hamon (@benoithamon) 29 octobre 2018
Chez les insoumis, les critiques visent plutôt «le soutien des Etats-Unis» et le système «néo-libéral» qui auraient permis la victoire de Bolsonaro.
Si Jean-Luc Mélenchon a fustigé le traitement médiatique du scrutin brésilien par France Info, qu'il a qualifié de «radio qui ment en continu», l'orateur national de La France insoumise (LFI), Djordje Kuzmanovic, a pour sa part attribué la victoire d'«un candidat fasciste, ultralibéral et adoubé par les USA» à ce qu'il a estimé être «un coup d'Etat institutionnel qui a décapité le PT en frappant Dilma Roussef puis Lula». Djordje Kuzmanovic n'a pas hésité à qualifier Jair Bolsonaro de «nouveau Pinochet».
Au #Bresil, le candidat fasciste, ultralibéral et adoubé par les #USA a gagné.#Bolsonoro, élu grâce au coup d'État institutionnel qui a décapité le #PT en frappant #DilmaRoussef puis #Lula, sera un nouveau #Pinochet : traque des opposants et des pauvres, paradis pour les riches.
— Djordje Kuzmanovic - Matricule 13724 (@Vukuzman) 29 octobre 2018
Faisant référence aux deux candidats du second tour, Eric Coquerel, coordinateur du Parti de gauche et député insoumis de la Seine-Saint-Denis, a estimé que «le néo-libéralisme [avait] préféré Hitler au Front populaire».
Après avoir éliminé Lula en utilisant une pseudo justice, le neo-libéralisme a préféré Hitler au Front populaire. Solidaire avec mes camarades brésiliens qui ce soir sont entre tristesse et colère. #resistance#bolsonaro#BrazilElections
— Eric Coquerel (@ericcoquerel) 28 octobre 2018
«Ceux qui ont organisé l’éviction de Lula jubilent», a pour sa part estimé Adrien Quatennens, député insoumis du Nord.
Ultra-libéral et en même temps raciste, homophobe, nostalgique de la dictature militaire, climato-sceptique et allié de #Trump. Une synthèse des dangers qui guettent le monde à la tête du #Brésil avec #Bolsonaro. Ceux qui ont organisé l’éviction de #Lula jubilent. Résistance !
— Adrien Quatennens (@AQuatennens) 29 octobre 2018
Au Rassemblement national (RN), l'heure est en revanche aux encouragements.
Se détachant des inquiétudes exprimées par ses rivaux politiques, la dirigeante du RN, Marine Le Pen, a souhaité «bonne chance» au nouveau président brésilien, expliquant que les Brésiliens venaient de «sanctionner la corruption généralisée» et «la terrifiante criminalité» qu'elle a attribuées aux «gouvernements d’extrême-gauche» précédents.
Bonne chance au nouveau Président #Bolsonaro qui devra redresser la situation économique, sécuritaire et démocratique très compromise du #Brésil. MLP https://t.co/HMi9zaKhdb
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 29 octobre 2018
Le député RN du Gard, Gilbert Collard, a également estimé que «la corruption de gauche» avait contribué à la victoire du candidat nationaliste, souhaitant à ce dernier : «Bon courage [...] pour redresser le Brésil !»
La victoire de #Bolsonaro est surtout celle d'un #Brésil qui ne supporte plus la violence des gangs et les mensonges corrupteurs de la gauche.
— Gilbert Collard (@GilbertCollard) 29 octobre 2018
Bon courage à @jairbolsonaro pour redresser le Brésil !
Nous allons changer ensemble le destin du Brésil
Décrit comme un «fasciste» et accusé d'autoritarisme, d'homophobie ou encore de racisme par ses adversaires, Bolsonaro a promis, le soir du 28 octobre, de défendre «la Constitution, la démocratie, la liberté». «Nous allons changer ensemble le destin du Brésil [...] Ceci n'est ni la promesse d'un parti, ni la parole vaine d'un homme, mais c'est un serment devant Dieu», a-t-il ajouté.
Si ses déclarations polémiques, et notamment son soutien à la junte qui était à la tête du pays de 1964 à 1985, ont quelque peu éclipsé ses propositions de campagne, le représentant du Parti social-libéral (PSL) a porté un projet politique et économique résolument de droite, axé sur la sécurité et la lutte anti-corruption, accompagné d'une politique étrangère alignée sur celle de Washington.