Les images, choquantes, d'un élève du lycée Edouard-Branly de Créteil tenant en joue sa professeur de biotechnologie, font réagir des enseignants de l'Education nationale sur les réseaux sociaux. La réponse apportée par le gouvernement, ministre de l'Intérieur et de l'Education en tête, après l'épisode de Créteil, à savoir «un plan d'action» contre les violences dont sont victimes les enseignants, a provoqué une libération de la parole. Avec le hashtag #PasDeVague, des professeurs partagent leur indignation devant les conseils de leur hiérarchie concernant le problème de la violence scolaire.
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Exemple donné par cet internaute, qui se présente comme un enseignant, la réponse apporté par le principal de son collège à qui une professeur confie s'être fait traiter de «sale pute» : «Oh ! Vous êtes susceptible aussi !»
«Vous êtes dans le répressif, pas dans l'éducatif», s'est vu répondre cet autre «prof de latin depuis dix ans», qui s'était fait cracher dessus et menacer de se faire «castagner» à la sortie de son établissement. Il demandait une exclusion de son agresseur.
Le hashtag #PasDeVague est également utilisé pour dénoncer la violence scolaire à laquelle font face des élèves sans que les responsables ne soient inquiétés, «au doux nom de la bienveillance».
Réagissant aux mots de Jean-Michel Banquer, qui expliquait que les enseignants devaient signaler les faits de violence et auraient le soutien de l'Education nationale, cette autre internaute confie : «J'aurais aimé être soutenue lorsqu'une élève, il y a quelques années, m'a tapé dessus dans un couloir de mon établissement. Mais le conseil de discipline ne l'a pas même exclue. Et on m'a expliqué qu'il fallait prendre les choses moins à cœur. Voilà la réalité du terrain.»
«On n'est pas loin du brevet, on ne va pas l'exclure»
D’innombrables anecdotes sont contées sur les décisions, jugées ubuesques, prises par la hiérarchie alertée par des cas de violence.
«Je me souviens aussi de ces 10 jours – et c'est long, 10 jours – au cours desquels j'ai dû aller en classe et retrouver face à moi l'élève qui m'avait agressée car, vous comprenez, en avril, on n'est pas loin du brevet, on ne va pas l'exclure», rapporte cette enseignante de Nanterre.
Le Rassemblement national et les Patriotes dénoncent «l'omerta» ainsi que la «politique de l’autruche et du déni»
«Bravo à ceux qui brisent l’omerta !», a tweeté Marine Le Pen, première personnalité politique à réagir à ce qui pourrait s'apparenter à un #Metoo des profs. «Le #PasDeVague démontre que nos enseignants ont été contraints au silence depuis trop longtemps face aux menaces/insultes/agressions auxquelles beaucoup sont confrontés. C’est ça le plus terrible et nos gouvernants devraient avoir honte !», a-t-elle fustigé.
Le président des Patriotes, Florian Philippot, a estimé que cette mobilisation du corps enseignant résumait «parfaitement la politique de la France, à l’école et ailleurs, face à la montée des périls depuis tant d’années», vilipendant une «politique de l’autruche et du déni».
Réagissant à la proposition du ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, d'interdire les téléphones portables au lycée pour lutter contre la violence scolaire, la Patriote Kelly Betesh a commenté : «Résumer cette affaire à un problème de portable qui inciterait à se filmer en allant toujours plus loin, ou comment bien illustrer le hashtag #PasDeVague.»
La droite se félicite que la «loi du silence» ait été brisée et attend «des actes forts»
«#PasDeVague Bravo de briser la loi du silence pour briser la loi du plus fort à l'école. Élève à Roubaix, j'ai vu les professeurs dans la détresse,les élèves qui voulaient travailler, subir, perdre des chances», a fait savoir Lydia Guirous, porte-parole des Républicains et membre du bureau politique du parti.
Pour la députée du Doubs et secrétaire générale des Républicains, Annie Genevard, «le hashtag #PasDeVague est un cri de détresse des professeurs». «Il faut rétablir la sécurité dans nos établissements [...]. La situation est intolérable, nous attendons des actes forts», a-t-elle encore estimé.