Le 18 septembre, Tariq Ramadan et «Christelle» [nom d'emprunt], la seconde femme à avoir porté plainte contre lui, ont eu à se confronter au bureau des juges d'instruction à Paris. Même si l'accusatrice quadragénaire, selon le magazinel’Obs, se montre optimiste, aucune révélation fracassante n’aura émané de cet interrogatoire.
Le face-à-face devait initialement se dérouler en juillet 2018, à la même période que celui d’Henda Ayari, la première victime alléguée, mais Christelle avait produit un certificat médical pour justifier le fait qu'elle ne puisse pas s'y rendre.
Le petit-fils du fondateur des Frères musulmans s'est rendu à l'audience assisté de plusieurs conseillers, tandis que Christelle ne s’est présentée qu’avec son avocat, Maître Morain. Celle qui se dit victime estime avoir dû faire face à «la mauvaise foi et aux mensonges, aux invectives, aux théories complotismes sauce internet, aux rires narquois, aux provocations, qui étaient difficiles à supporter».
«Je suis confiante car Monsieur Ramadan et Maître Marsigny ont été mis face à leurs contradictions multiples et à leurs actes répréhensibles», a ajouté celle qui déclare avoir été la proie de Tariq Ramadan le 9 octobre 2009 dans un hôtel de Lyon.
Les soucis judiciaires du prédicateur s’accumulent
Maître Eric Morain a commenté l'audience pour l'agence Reuters : «Cela a été une confrontation âpre, qui a balayé les onze mois d'enquête.» «Chacun est resté campé sur ses positions, aucune question n'a été éludée et Tariq Ramadan a pu constater la détermination intacte de ma cliente, qui lui a répondu et a répondu aux questions pied à pied. Il ne suffit pas simplement de dire qu'elle est menteuse, il faut se confronter aux éléments du dossier et le dossier ne ment pas», a-t-il ajouté.
Maître Marsigny a quant à lui répliqué : «Monsieur Tariq Ramadan a maintenu sa position, fermement : il n’a jamais eu de relations sexuelles avec cette plaignante.» Le prédicateur reconnaît en effet uniquement un flirt virtuel, sur internet, par le biais de messages Facebook.
Cette convocation devant les juges était une rencontre clé, car c’est l’accusation de Christelle qui a mené à l'incarcération du prédicateur musulman le 1er février 2018. L’argument de cette absence de confrontation en juillet avait été invoqué à l’époque pour justifier le refus de remise en liberté de Tariq Ramadan, physiquement diminué à cause d’une sclérose en plaque.
Parallèlement, les soucis judiciaires du prédicateur s’accumulent puisqu’en Suisse, une quatrième femme l’accuse de viol. Le parquet a décidé d'ouvrir une enquête criminelle formelle. Les faits se seraient produits dans un hôtel de Genève en 2008, selon le porte-parole du ministère public Henri Della Casa, cité par le journal helvète La Tribune de Genève.