France

Marché de Noël : au grand dam d'Hidalgo, Campion s'installe aux Tuileries (grâce à l'Elysée ?)

A l'approche de la campagne municipale pour 2020, le meilleur ennemi d'Anne Hidalgo, Marcel Campion, a obtenu du Louvre l'autorisation d'installer son marché de Noël aux Tuileries. Un camouflet pour la maire dont les adjoints accusent l'exécutif.

Marcel Campion est de retour. La non-reconduction en juillet 2017 par la mairie de Paris de son marché de Noël, sis sur les Champs-Elysées depuis 2008, puis le non-renouvellement, six mois plus tard, du contrat de la célèbre Grande roue de Paris installée depuis 1993 avait provoqué de nombreux remous entre «le roi des forains» et la première édile Anne Hidalgo.

A l'époque, cette décision avait été justifiée par la Ville par le souhait d'offrir des «événements attractifs et innovants» qui seraient en adéquation avec un «site d'exception». Comprendre : un événement à la hauteur de la plus belle avenue du monde. Une réflexion qui n'est visiblement pas valable pour le site des Tuileries. Le meilleur ennemi de l'ancienne adjointe de Bertrand Delanoë a en effet annoncé avoir obtenu ce 7 août l'autorisation d'installer son marché de Noël dans cet espace qui est la propriété du musée du Louvre, un établissement public administratif sous tutelle... du ministère de la Culture et de la Communication.

Donc, la grande affaire qui animait nos gouvernants en ce moment, c'était : comment réintroduire le marché de Noël de Marcel Campion à Paris pour emmerder l'équipe municipale ?

D'aucuns voient la «main de l'Elysée» sur ce camouflet infligé par l'homme d'affaires à la mairie de Paris. Alors que la figure de la gauche parisienne est en difficultés dans de nombreux dossiers (gestion des cas Vélib' et Autolib', piétonnisation des voies sur berges, congestion de la circulation, dysfonctionnements dans le contrôle du stationnement) et que la campagne des municipales de 2020 approche à grand pas, cette nouvelle déconvenue intervient à point nommé pour ceux qui souhaiteraient prendre sa place. Deux figures de La République en marche (LREM), le secrétaire d'Etat chargé du numérique, Mounir Mahjoubi et le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, ont fait part de leur intérêt pour la mairie parisienne. L'ancien conseiller en communication de François Hollande, Gaspard Gantzer, réputé proche d'Emmanuel Macron, est également régulièrement cité.

L'exécutif pointé du doigt

La mairie de Paris n'a pas encore réagi officiellement mais les adjoints de l'hôtel de ville de la capitale ont pris soin de railler cette décision. «Donc, la grande affaire qui animait nos gouvernants en ce moment, c'était : comment réintroduire le marché de Noël de Marcel Campion à Paris pour emmerder l'équipe municipale ? Diantre», a ainsi ironisé sur Twitter l'adjoint en charge du logement, Ian Brossat (Parti communiste). «On a les ambitions qu'on mérite», a-t-il ajouté.

Ce coup dur a également été commenté par le premier adjoint à la maire de Paris, Bruno Julliard (PS). Il a fait savoir ce 9 août être «doublement surpris». Car, selon lui, le jardin des Tuileries «doit être préservé d'un trop grand nombre d'activités peu valorisantes» et les équipes municipales n'ont «pas été informées». Preuve que cette annonce est perçue comme une opération téléguidée par l'Elysée en vue des municipales de 2020, le conseiller presse d'Anne Hidalgo, Matthieu Lamarre, a directement visé l'exécutif : «Le gouvernement offre le jardin des Tuileries à Campion pour réinstaller son marché de Noël, sans même aviser les élus parisiens».

L'Elysée a démenti toute implication dans ce dossier. Le ministère de la Culture renvoie vers l'administration du musée. «Le jardin des Tuileries est rattaché à l'établissement public du Louvre et c'est à [lui] de répondre sur les critères d'installation temporaire et de procédure d'installation de l'espace», croit savoir l'AFP, qui cite une source dans l'entourage de la ministre, Françoise Nyssen.

«Cela n'a strictement rien à voir avec les municipales de 2020», a pour sa part affirmé ce 8 août Sylvain Maillard, député LREM de Paris. «C'est tout simplement Marcel Campion et sa société qui ont trouvé une entente» avec le Louvre, a-t-il ajouté. Le Louvre, qui fut l'un des premiers symboles de la présidence Macron. Le jour de sa victoire contre Marine Le Pen en mai 2017, le plus jeune président de la Ve République y avait organisé sa soirée électorale, après s'être vu refuser le Champ-de-Mars... par Anne Hidalgo.

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