Avec l'augmentation considérable du nombre d'utilisateurs, les cagnottes en ligne sont devenues un véritable appui pour les soldats du groupe Etat islamique. Selon une enquête de l'Express, le financement participatif serait un nouveau moyen de se procurer des armes ou même de récolter des fonds sans une grande traçabilité pour effectuer un attentat.
«Cette méthode est aujourd'hui quasiment la seule permettant de récolter, sans mobiliser beaucoup d'efforts, du micro financement participatif en vue d'alimenter un projet terroriste. Il s'agit, sous un faux prétexte, de lever de petites sommes, difficiles à repérer et à tracer. Nous sommes face à du terrorisme low cost, un mode d'action qui s'est développé à mesure que Daesh a perdu sa puissance militaire», déclare un ponte de la communauté du renseignement à l'hebdomadaire.
Très simples d'utilisation, ces sites spécialisés ne demandent aucune certification de compte. Toute personne peut restée cachée derrière son écran à l'aide d'un pseudonyme. Il est donc impossible de savoir si les fonds récoltés vont bien servir la cause de la cagnotte. L'exemple type pour Daesh est un individu qui va essayer de collecter la «zakat» [l'aumône légale, le troisième pilier de l'islam] afin de financer des rénovations de cultes, qui servent en l'occurrence à donner de l'argent à de potentiels djihadistes.
Une cagnotte utilisée pour frapper la France
D'après L'Express, Tracfin, le service de renseignement français chargé de la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, a constaté en 2015, qu'un Syrien récoltait de l'argent en faveur de l'organisation terroriste. Mohamed al-Saied al-Hmidan, qui collecte des fonds sous six identités différentes, a reçu 226 transactions en sa faveur, soit près de 230 000 euros. En France, plus de 20 personnes lui ont fait cadeau de 34 500 euros. Une fois l'argent récupéré en cash dans une agence spécialisée en Turquie, Al-Hmidan se rendrait en Syrie pour le remettre à un émissaire de Daesh.
Le 26 juillet au matin, la France est sous le choc. Le prêtre de l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray, le père Hamel, vient d'être égorgé par deux islamistes radicaux. Les deux auteurs, Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean ne se sont connus que trois jours avant de passer à l'acte. L'enquête a révélé que les terroristes communiquaient via la messagerie Télégram : «J'ai parlé aussi au frère pour la cagnotte, tout ça. [...] Il revient que jeudi [...] Il m'a dit qu'il pourrait me financer si je veux acheter une kalach [kalachnikov]» dévoile l'Express.
Finalement, après une longue hésitation, et par manque d'accès à la cagnotte détenue par un membre anonyme du groupe terroriste, les deux hommes passent à l'action.
Désormais à partir de 250 euros de dons, l'organisateur de la cagnotte doit fournir un justificatif de domicile et une photocopie de sa carte d'identité pour avoir accès à la somme.